En 1936, le Troisième Reich envoie à Town Creek, aux États-Unis, l’expert Richard Wirth à la tête du grand projet de recherche en occultisme de Hitler. Plus de 70 ans après, Evan Marshall est à la recherche de son frère aîné Victor qui a disparu dans la région. Victor réapparaît la nuit suivante et, sans aucune explication, prend les armes pour traquer ses ravisseurs. Evan découvre alors que les nazis sont toujours présents à Town Creek…
Sur le papier, Blood Creek est clairement prometteur. Les films d’horreur sur fond de nazisme n’ont certes rien de très original – on pense inévitablement au récent et barré Dead Snow, mais Joel Schumacher (Le nombre 23, L’expérience interdite, Chute libre, 8 mm) a eu la brillante idée de traiter une des plus grandes énigmes de l’Histoire du XX e siècle : Hitler et les SS étaient-ils adeptes de magie noire ? (Pour celles et ceux qui l’ignorent, l’Ahnenerbe a fait l’objet d’études très sérieuses). Outre un thème passionnant, Blood Creek a un avantage de taille, il compte le grand Michael Fassbender à son casting. Ce film a donc, à première vue, absolument tout pour plaire.
Tourné en 2007 – époque à laquelle celui qui deviendrait le héros de Shame avait seulement exhibé son corps musclé dans 300 – Blood Creek n’a été distribué que deux ans plus tard et directement en DVD. Mais pourquoi un tel traitement ? Mettons immédiatement fin à ce suspens insoutenable : ce film est tout simplement mauvais, un ratage total, un sacré gâchis… Sans appel ! Michael Fassbender est évidemment génial et l’on n’a pas de mal à croire que sans son nom et sa récente célébrité, le film serait resté dans les cartons de la prod et nous n’aurions pas demandé notre reste.
Le pire étant que Blood Creek est trompeur. Le scénario est bien ficelé, l’intrigue en jette et tout commence sous les meilleurs auspices. Le réalisateur installe parfaitement l’action, abstraction faite de l’utilisation du Sépia pour évoquer le passé (surfait), et l’on entre de bon pied dans le présent avec l’histoire d’un bon gars, Evan Marshall (Henry Cavill), tourmenté par la disparition inexpliquée de son frère aîné, Victor (Dominic Purcell). Lorsque ce dernier – qui semble tout droit revenu d’un séjour chez la famille Pierrafeu version pas cool – refait surface avec une seule idée en tête, se venger, on s’attend au meilleur, à du tendu et du sanglant. Cette tension tient le spectateur en haleine durant une bonne demi-heure et soudain, c’est le drame !
Notons d’abord les insignifiantes interprétations de Dominic Purcell (Prison Break) et de Henry Cavill (The Tudors). En héros vengeurs énervés, on a vu mieux, bien mieux. Mais là n’est pas le véritable point faible du film dont le problème majeur est de basculer dans un mélange de genres (action, gore, zombie, satanisme) qui vire rapidement au gaguesque. Schumacher choisit un « fond historique » plus qu’exploitable et le transforme en blague. Il survole ce qu’il y a de plus intéressant : les prétendus pouvoirs magiques des nazis.
Il y a une vraie interrogation qui n’est pas creusée et c’est bien dommage. Quand on a la prétention de choisir un tel sujet pour en faire un film d’horreur, le minimum est d’étoffer son propos et son argumentation. D’autant que Schumacher nous sert une facture aristotélicienne ultraclassique avec un découpage en trois parties et qu’on en vient – si l’on ne s’est pas endormi d’ennui – à se demander s’il ne nous prend pas pour des manches ! Côté frissons, on repassera, à part quelques scènes légèrement stressantes, on est plus proche des rires que des larmes.
Pour faire court (Blood Creek n’en mérite pas davantage), ce film est fait pour les gens qui n’aiment pas l’horreur et encore moins l’Histoire. D’ailleurs, il s’oublie très vite.