Difficile de savoir où commencer avec une anthologie telle que ABC of Death 2. Avec 26 lettres, 26 réalisateurs et donc 26 court-métrages, le film ne peut échapper à l’inégalité. Mais on le sait, avant même de commencer le film, c’est le risque d’un tel concept. Ce qui intéresse, c’est ce qu’il apporte. Laisser une liberté créative entière à 26 réalisateurs de films de genre venus des quatre coins du monde (américains mais aussi européens, asiatiques, africains etc), on ne peut que s’incliner devant l’ambition de ce projet qui fait rêver depuis la sortie du premier volet en 2012. Alors, qu’en est-il de cette suite ?
Comme parler des 26 court-métrages serait trop long et parler du film en général serait bon pour une simple conclusion, on va évoquer les plus belles prouesses de cette anthologie et les épisodes qui nous ont marqué d’une façon ou d’une autre. On vous invite à voir le film pour vous faire une idée des autres…
Dernière chose avant de commencer, on ne précise pas les titres, ni les synopsis mais simplement la lettre et le réalisateur afin de garder, pour vous, le plaisir dans son entier.
Pour commencer, parlons des court-métrages réussis et plutôt sympathiques avec en premier temps la lettre A. Film de E.L Katz, ce court a une structure vraiment intéressante. Il débute comme un clip jusqu’à sa moitié et change au milieu de point de vue avec une mise en scène plus classique qui nous éclaire sur les événements de la première partie.
On peut également parler de la lettre E de Alejandro Brugués, un film très léger offrant une belle image de l’amitié plus forte que tout. Dans cette catégorie, on retrouve aussi la lettre I de Erik Matti, même si le film est ultra gore, on rit devant ces frères et sœurs cherchant à obtenir leur héritage.
Venons-en à la lettre Q de Rodney Ascher, comme pour la lettre A, c’est le montage qui donne tout son rythme au film. Un montage alterné allant vers une révélation marquante. La lettre W de Steven Kostanski est un film bancal mais d’une originalité folle qui emmène deux enfants dans l’univers de leurs figurines préférées.
Voilà pour les courts juste réussis. Passons à ceux qui avaient vraiment des choses très bonnes dans leur contenu.
En effet, certains court-métrages, en plus d’être réussis, ont un réel point de vue sur les sujets qu’ils traitent. On peut le voir avec la lettre C de Julian Gilbey qui nous montre une condamnation à tort avec un suspense qui ne fait que monter pour dévoiler son final bien gore. On a également la lettre D de Robert Morgan, film d’animation très dérangeant et poisseux sur le prix que la vie peut nous coûter…
Robert Boocheck est le gagnant du court-métrage mis sur concours avec la lettre M, un film très simple avec une idée très simple mais une mise en scène classe tout en slow-motion. Le final est hilarant. La lettre U de Vincenzo Natali est bien construit dans sa description d’une société dans laquelle le marginal est condamné, une situation qu’en tant que fans de films d’horreur, nous connaissons tous.
Julien Maury et Alexandre Bustillo profite ici de leur liberté créative totale avec la lettre X. Toujours cette cruauté naturelle chez nos deux franchouillards. On peut également parler de la lettre Y de Soichi Umezawa qui nous fait entrer dans la tête d’une ado rebelle envers ses parents, un réel point de vue sur la jeunesse “incomprise” qui fantasme sur sa vengeance. La lettre Z de Chris Nash nous ramène, elle, dans le ventre de maman avec des effets visuels assez surprenant pour un film… Étouffant.
Maintenant, nous allons parler des vraies pépites de ce long-métrage, les films qui ont vraiment de la gueule dans le fond et la forme. Commençons par la lettre O de Hajime Ohata. Le film se passe dans un tribunal où une femme est jugée pour une série de meurtres, l’originalité dans tout ça, c’est qu’elle vit dans une société dirigée par des zombies et elle est jugée pour des “crimes” qu’elle a commis sur des zombies, par légitime défense. Je n’en dis pas plus, mais la satire sociale et les questions qu’elle soulève valent vraiment le coup d’œil, c’est très réussi. Parlons maintenant de la lettre F de Aharon Keshales et Navot Papushado, c’est un film sur le conflit Israélo-Palestinien (les réalisateurs sont israéliens) et le tout est fait avec une telle finesse et une telle beauté (que ce soit dans l’image, la mise en scène ou le montage) que le rendu est purement cinématographique et donne un point de vue juste et touchant sur ce conflit que l’on connait tous plus ou moins.
Mais notre véritable coup de cœur dans ce film est la lettre S de Juan Martinez Moreno. Un mari qui appelle sa femme au téléphone alors qu’il est en voyage mais pile à ce moment, sa femme va être victime d’une agression. Ce qui rend ce court très attractif, c’est qu’il nous montre l’action de chaque côté par le biais d’un split-screen (écran séparé), et on voit la tension monter entre la détresse de la femme et la peur du mari qui ne peut rien faire, à part écouter. La cerise sur le gâteau sera un final totalement déroutant qui remet en cause tout ce que l’on vient de voir. Bref, ce court-métrage est fascinant.
Pour conclure avec ce film, comparons le, globalement, avec le premier volet. ABC of Death 2 possède moins de fulgurances que le premier métrage. Comme vous avez pu le voir, seuls trois courts nous ont vraiment marqué au fer rouge. Cependant, la qualité des court-métrages est bien plus constante sur ce volet.
En effet, rares sont les films qui vont totalement vous ennuyer. La plupart ont au moins une idée ou un concept intéressant. Le générique d’introduction est très réussi également, on change complètement de celui du premier pour offrir un côté livre d’enfants qui rend le tout plus malsain. Bref, ABC of Death 2 est inégal mais tout le monde le sait, cela ne l’empêche pas d’avoir de vrais moments de prouesses !