Voyager en avion c’est chiant : cabine étroite pour agoraphobie maximale, paysage monotone, films et nourritures bas de gamme… Le film « Altitude » te propose d’en rajouter une couche et de partager ce calvaire avec cinq jeunes canadiens en pleine thérapie de groupe pendant qu’une débutante squatte le poste de pilotage. Comme si cela n’était pas suffisant et en plus d’aléas techniques très réguliers, voire métronomique, l’appareil semble coincé dans une tempête s’étalant à l’infini. En plus, ton voisin de siège, bourré au bout de deux bières, raconte avoir vu un monstre tentaculaire planqué dans les nuages.
Pour son premier long, Kaare Andrews déploie une mise en scène simple et honorable pour ce budget réduit. Le réalisateur arrive à dépasser le challenge de filmer un espace unique et restreint en relançant l’intérêt par quelques idées de mise en scène sur un scénario usant toutes les grosses ficelles possibles : boulon mal boulonné, réservoir à moitié vide, triangle amoureux, surplus de poids, parachute unique, rien n’est oublié pour meubler jusqu’au final…
L’atmosphère de dimension parallèle qui s’installe progressivement – la vraie réussite du film – est quelque peu gâchée par la direction d’acteur. Le sur-jeu général devient rapidement agaçant. Entre le balèze sans cervelle avec ses bières en intraveineuse, la blonde sexy et poltronne, le guitariste émo un peu nerdy et la brune mystérieuse qui leur sert de pilote, il est difficile de croire en l’amitié censée avoir existé entre les différents protagonistes. On les imaginerait plutôt en train de s’entretuer dans un quelconque post-Loft Story. Pour en rajouter une couche, la relation entre la pilote et son boy-friend hystérique en est presque irritante de fausseté. Une faiblesse encore plus dommageable qu’un huit clos peut difficilement faire l’impasse sur une écriture un peu plus subtile que la moyenne de ses personnages. Ici, le seul qui se révélera être la véritable clé de l’intrigue est mis KO d’emblé pour ne pas révéler le climax d’entrée de jeu.
Avec cette galerie de personnages détestables et passant la moitié du métrage à se mettre sur la gueule, l’intérêt du film réside finalement dans la promesse de voir en action ce qui se cache dans les nuages. Et quand la créature commence à attaquer, laissant espérer un proto-Chtulu en pleine action… Soudain, c’est la déception: le film se transforme radicalement dans les dernières minutes via une révélation sortie de nulle-part. Un twist menant à une conclusion certes préparée depuis le début par quelques flashbacks mais beaucoup moins excitante que ce que le reste du métrage laissait attendre. J’imagine que le faible budget impliquait un final un peu plus soft, plus proche d’un épisode de « La Quatrième Dimension » que du monster-movie annoncé par le marketing du film. Ces révélations de dernière minute auront pour certains un fort goût de « Lost » mal digéré, l’histoire du petit Walt dans la première saison ayant sûrement dû être d’une grande influence, tout en faisant regretter de s’être accroché jusqu’au bout de cet aller-simple pour l’ennui.
Par Alex B