Dario Argento serait-il devenu le nouveau Uwe Boll ? Sans rire, à force de faire n’importe quoi avec sa filmographie, le réalisateur de Suspiria risque de vite passer dans la mémoire collective du statut de maître de l’horreur à celui de pape du bis rital. Après avoir écorné son aura mythique sur les récents Mother of Tears et Giallo, deux navets qui annonçaient pourtant un retour aux sources qu’on espérait salutaire, le réalisateur s’ouvre cette fois à un autre genre en s’attaquant à l’adaptation du Dracula de Bram Stocker. Comme une multitude d’autres réalisateurs avant lui, Argento met en scène – en 3D stéréoscopique – la rencontre de Jonathan Harker puis de sa femme, Mina, avec le célèbre comte, l’action se déroulant intégralement en Roumanie, choix probablement dû à une absence de budget pour filmer les séquences londoniennes.
Mais qui se cache derrière cette grosse chouette ?
Le résultat est calamiteux. Cher lecteur, oublie la sublime adaptation de Francis Ford Coppola, Argento est plus proche ici des Charlots contre Dracula avec probablement moins de budget. La mise en scène, les lumières et la direction d’acteur sont tellement à la ramasse que le film pourrait parfois passer pour une adaptation porno de l’œuvre de Stocker. Pour illustrer un peu le niveau général : la musique oscille entre le Disney spécial Halloween et l’épisode de Chair de Poule alors que les décors font aussi authentiques qu’un village Pierre Et Vacances roumain. Le réalisateur tente de faire passer la pilule en se montrant généreux sur les effets horrifiques, quitte à se vautrer parfois dans le grotesque au détour par exemple d’une mante religieuse géante en CGI bien baveux.
Dracula en plein ménage de printemps
Histoire d’en rajouter une couche, Dario Argento use de gags navrants pour rendre sa 3D ludique, filmant ainsi régulièrement une grosse mouche tenace traquant ce bon vieux Jonathan Harker. Le pauvre, déjà qu’avec sa perruque de farces et attrapes et son charisme d’huître il nous faisait déjà sérieusement regretter le Keanu Reeves du film de Coppola…
Pourtant le casting était plutôt prometteur : pour interpréter Dracula, le choix de Thomas Kretschmann (éternel second rôle, série télé comme blockbuster) était intéressant, rompant avec le physique traditionnel du comte. Quant à Marta Gastini en Mina Harker, l’actrice était la seule chose à sauver de The Rite et s’en sort également ici à peu près. Ces deux acteurs sauvent un peu les meubles sur certaines scènes les réunissant, tout le reste se vautrant dans l’amateurisme voire le grotesque. Asia Argento, venue pourtant à la rescousse de son père, en fait les frais lors de scènes proches de la parodie où elle rivalise de grimaces filmées en gros plans. Grand habitué de la série B, Rutger Hauer cachetonne sans plus dans le rôle de Van Helsing…
Asia Argento : le rôle de sa vie
Ce Dracula 3D est donc probablement l’une des pires adaptations du livre original, ici remis à la sauce bis transalpine par un Dario Argento toujours un peu plus en dessous de tout. A moins d’avoir un sens de l’humour bien bis voire même carrément Z, mieux vaut donc passer son chemin et arrêter de rêver à un retour en grâce de l’ex-maître de l’horreur…
Critique par Alex B
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TRAILER :
BONUS : le père Argento continue de donner les scènes clefs de ses films à sa fille…