Dix ans après le premier Nightmare On Elm Street, Wes Craven célèbre ses retrouvailles avec Freddy Krueger dans un septième épisode cassant la continuité de la saga. Freddy est mort dans le bien nommé La Fin de Freddy? C’est maintenant dans la réalité que le grand brûlé va venir martyriser ses victimes – ici, l’équipe de production de la saga – et sous une forme plus en accord avec les premières volontés du réalisateur : moins bouffon, plus menaçant et avec un maquillage sensiblement updaté.
Wes Craven’s New Nightmare : le titre l’annonce haut et fort, Wes Craven revient à la barre d’une franchise bien mal au point depuis au moins le troisième épisode. Cela du moins qualitativement parlant puisque les scores élevés au box-office ont toujours été au rendez-vous. Un retour de l’auteur originel dont la mise en avant tourne rapidement à l’autosatisfaction un peu béate, Craven profitant du pitch vaguement méta de son film pour se jeter quelques fleurs. Sur ce point, le summum restera cette séquence où le réalisateur, réfugié dans sa villa design et Feng Shui, explique à Nancy que son premier film était tellement fou que le mal ultime s’y est retrouvé capturé pour un temps.
L’aspect « vie réelle » est appréciable pour tout amateur de la série : entre deux références à l’original, c’est l’occasion de retrouver des acteurs comme John Saxon et Robert Englund dans leurs propres rôles. Wes va donc loin dans le méta, dans sa pseudo réflexion entre film d’horreur et réalité, bien avant Scream et cela dès la scène d’ouverture reprenant le fameux générique du premier opus pour se révéler être au final une scène de tournage d’un nouveau Freddy qui va vite tourner au drame. Ce côté « film dans le film » (qu’il reprendra d’ailleurs dans Scream 3), Wes Craven l’abandonne malheureusement très rapidement pour se centrer sur Heather Langenkamp, l’actrice jouant Nancy dans le premier épisode, et surtout sur son insupportable gamin complètement desservi par un enfant acteur reprenant jusqu’à l’overdose tous les clichés du gamin possédé.
Autre point négatif : Wes Craven se montre avare en scènes oniriques, voire en scènes de terreur tout court, le spectateur ayant surtout droit à des tremblements de terre ou des coups de fil anonyme harcelant Heather Langekamp pendant les trois quart du métrage. Le Freddy nouvelle version met près d’une heure avant d’apparaître pour de bon et cela dans une scène bien éloignée de l’onirisme malsain du premier épisode. Malgré tout, certaines scènes annonçant son arrivée restent flippantes à la manière de la scène d’enterrement ou ce « faux réveil » se concluant sur surprise très spéciale concoctée par le gamin. On voit bien que Craven ménage ses effets pour amener une conclusion qu’il voudrait épique et se déroulant dans l’antre de la bête. Mais ce final reste très kitsch, le palais de Freddy ressemblant à un temple gréco-romain de 20 m2 filmés sous toutes les coutures, la musique orchestrale clichée et symptomatique des années 90 n’arrangeant rien. On sera d’ailleurs surpris que ce métrage passe pour le plus pauvrement servi de la saga niveaux effets spéciaux, certains maquillages ou morphings ayant pris un sacré coup de vieux.
Avec ses bonnes intentions de départs gâchées par une réalisation un peu lourdingue (l’effet « Dent de la Mer » , travelling avant et zoom arrière, quand Nancy apprend la mort d’un proche, la maquette du palais qui explose au ralenti…) et son cruel manque de scènes de flippe pendant la majeure partie du métrage, le nouveau cauchemar de Wes Craven est d’autant plus une déception que tous les éléments semblaient réunis pour en faire un grand film de terreur.
Critique par Alex B
ah ouais, j’en garde pourtant un bon souvenir… celui d’un film assez ambitieux dans son propos… faudrait que je le revois !
En fait je ne me souvenais que du côté “Freddy dans la réalité”, un bon souvenir donc puisque c’était plutôt original à l’époque de voir certains acteurs jouer leur propre rôle. En le revoyant, ces passages maintenant font un peu daté voire carrément kitsch quand Wes Craven se prend pour maître Yoda. Au final le film est beaucoup trop pauvre niveau scènes de terreur et se concentre un peu trop sur le gamin de l’héroïne.