Alors que Devil Inside vient de posséder une poignée de salles françaises, revenons sur un autre film du même genre – en gros l’Exorciste version Found Footage – et vu au dernier festival de Gérardmer. Premier film cinéma de Carles Torrens, Emergo part sur un pitch des plus basiques: après une courte introduction ressassant quelques clichés du genre, avec un caméraman rigolard effectuant tests son et images pour introduire de façon pas très finaude le procédé de (non) mise en scène, nous nous retrouvons avec une équipe de parapsychologues dans un appartement truffé de caméras et de capteurs. La petite famille habitant les lieux y serait en effet victime d’activités paranormales et nos chercheurs vont essayer d’expliquer scientifiquement et dans un calme relatif (et parfois proche du comique) des faits aussi anodins qu’une apparition spectrale, une fille qui entre en lévitation ou une possession bien agressive…
“Votre fille a les yeux révulsés et parlent un langage inconnu?
Ne vous inquiétez pas, c’est tout à fait normal!”
L’une des principales qualités du métrage est une certaine générosité des effets et un rythme rapide. A la différence des Paranormal Activity, Blair Witch et consort, l’action n’intervient pas seulement dans les dernières bobines. L’esprit d’Emergo se met en branle dès le premier quart d’heure, décuplant de violence au fil du film et Carlos Torrens prend apparemment beaucoup de plaisir à mettre en scène des effets de plus en plus impressionnants.
“Votre gamin s’éclate avec son pote imaginaire qui frappe occasionnellement
comme un dératé sur les murs? Les enfants sont merveilleux!”
Le film déçoit malgré tout. L’approche psychologique du paranormal, développé lors d’interviews avec certains membres de la famille ou de dialogues avec le scientifique, est parfois intéressante et sort un peu des lieux communs du genre; mais jamais le film ne surprend ni ne propose une mise en scène innovante de ce type de phénomène. Hormis une séquence stroboscopique ou un avant-final (ventilateur à fond) assez impressionnants, les jump scares sont prévisibles comme si un panneau géant collé au plafond nous disait “Attention! Passage fréquent de spectre farceur”. La musique n’arrangeant rien, sur-dramatisant chaque montée de tension….
On en attendait aussi un peu plus du scénario de Rodrigo Cortes, le réalisateur de Buried. Mais cela serait oublier qu’il n’était pas au scénario de ce dernier et le pseudo-twist final finit de laisser l’impression d’une histoire bâclée et opportuniste, le succès et la rentabilité du “Dernier Exorcisme” ayant apparemment fait beaucoup d’envieux.
Critique par Alex B
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