Très bonne surprise de l’édition 2012 de Gérardmer, Pastorela illustre de manière déjantée l’éternel combat entre le bien et le mal, propulsant un pitch digne d’un énième drama social dans des cimes divines.
Le réalisateur met en scène Jesus Juarez (aka Chucho), agent de la police de Mexico dont la principale fierté est d’incarner le Diable à chaque noël dans la pièce donnée par l’église de son quartier. Malheureusement pour lui, l’arrivée d’un nouveau prêtre bouleverse le casting de la pièce et Chucho perd son privilège. Dès lors, Pastorela suit les plans machiavéliques de Chucho pour récupérer son titre, des combines prenant une envergure apparemment complètement décalée par rapport aux enjeux. Apparemment, oui, puisque le film sème quelques indices d’une tournure plus surnaturelle des évènements, que ce soit une séance musclée d’exorcisme hommage au film de Friedkin ou encore d’étranges symptômes venant régulièrement frapper Chucho. Le fantastique va ainsi intervenir très progressivement avant un final aussi apocalyptique que complètement absurde.
Deux diables, un seul poste à pourvoir…
Pastorela est aussi une fable complètement irrévérencieuse, égratignant copieusement les différentes institutions mexicaines. A ce titre, même si est convoquée une armée de clichés (les flics pourris, les curés plus intéressés par les donations que par la grâce divine), le film les met en scène de manière tellement jubilatoire – voir ces flics au look identique boire leur café sur le même timing – que la sauce prend immédiatement.
Dans le rôle principal, Joaquín Cosio s’impose facilement en un Chucho tonitruant et lunatique, personnage aussi sympathique que régulièrement angoissant, cela parfois dans la même séquence. On avait déjà pu croiser l’acteur dans El Infierno de Luis Estrada ou dans le rôle du général sanguinaire de Quantum of Solace.
L’heure du jugement dernier vient de sonner à Mexico
Le film se distingue aussi par sa réalisation de très bonne facture. Emilio Portes maîtrise sa mise en scène de bout en bout, intégrant parfaitement quelques gimmicks seventies – toutes les scènes de poursuite – sans tomber dans le travers cheap du « grindhouse ». Le film soigne aussi ses quelques effets fantastiques que ce soit pour les maquillages de démons, impressionnants, ou dans ses quelques montées de tension, d’autant plus efficaces que complètement inattendues.
On regrettera seulement un ventre mou où l’intrigue semble un peu tourner en rond avant de décoller dans un final parsemé de séquences littéralement dantesques. Après une résolution qui reste ouverte à plusieurs interprétations, Pastorela s’achève dans une séquence générique complètement décomplexée et finalement bien à l’image de tout ce qui a précédé.
News par Alex B
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