Tentative de Giallo à l’Australienne, Needle de John V. Soto finit plutôt en slasher soporifique aux personnages tellement caricaturaux que Vendredi 13 passe à côté pour une fine étude de mœurs.
Pour un direct-to-dvd, le pitch de Needle s’annonçait pourtant propice à un whodunnit divertissant ponctué de séquences horrifiques fun et variées. Avec sa bande de jeunes tous potentiellement suspects et tombant un à un sous les maléfices d’une étrange machine vaudou du 18ème siècle, on attendait un minimum de rebondissements et des mises à morts aussi variées que les nombreux mécanismes de la boite à malice. Problème : l’enquête est digne d’un Navarro et les meurtres se suivent en plus de presque tous se ressembler.
Gros plan et cuir noir Argentesque, dommage que la citation fasse ici un peu tâche
Après un générique tout en mécanique complexe, avec des ombres chinoise stylisées plutôt classes (mais annonçant peut-être le déroulement linéaire et mécanique qui va suivre), déboule la scène d’ouverture avec sa première mise à mort. Premier constat : par censure, le réalisateur abuse des filtres flashy, l’image passant sporadiquement au noir et blanc désaturé pour un résultat visuellement très laid. Par la suite, à l’exception d’une scène d’escalade en salle tournant à la boucherie charcuterie, le réalisateur expédie ses scène de meurtres en trois secondes là où les thèmes de la boite magique et des rites vaudous laissaient espérer des séquences un peu plus fun ou visuellement un peu plus recherchées. Grosse déception donc, surtout que plusieurs signes (le côté film d’enquête, les gros plans sur les mains gantées de cuir noir du tueur…) montrent que le réalisateur marche droit dans les pas du giallo traditionnel. Une référence d’ailleurs pleinement (et grossièrement) assumée lors d’une scène présentant un vieux collectionneur comme membre de la fondation Argento.
Une tentative désespérée d’érotiser un peu le métrage
Côté enquête ? Les rebondissements sont complètement nazes et les personnages tellement insipides qu’on se désintéresse rapidement de la véritable identité du tueur, mention spéciale pour le grand frère photographe et wannabe enquêteur aux mimiques parfois complètement incongrues.
En plus, il faudrait interdire les séquences d’ouverture de films montrant un teenage de 30 ans au summum du « cool » arrivant dans son université sur fond de musique rock’n roll (et sous-Lenny Kravitz). Une entrée en matière aussi peu inspirée que l’écriture des personnages qui envoie quand même bien du lourd dès qu’il s’agit d’aligner les clichés : le sportif a toujours sur lui un ballon de basketball (même en classe), le couple de lesbiennes pratique le french kiss comme si c’était la fin du monde et le personnage principal est tellement traumatisé par le décès de son père remontant à son enfance qu’il ne remarque même pas les avances de la top modèle Tahyna Tozzi.
Bien sûr le personnage le plus énervant du film n’a même pas le droit à sa scène d’assassinat
Malgré les quelques récompenses affichées par les producteurs du film et obtenues probablement dans des festivals organisés par des potes, difficile de garder un minimum d’intérêt pour l’intrigue et ce n’est pas deux effets gores bien foutus qui te feront changer d’avis en milieu de métrage.
Critique par Alex B
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