Alors que la bataille fait rage autour de l’héritage terrifiant du Tueur au puzzle, un groupe de survivants s’associe et fait appel à un autre rescapé, Bobby Dagen, devenu une sorte de gourou. En croyant trouver de l’aide, ils vont vivre le pire, car Bobby cache d’effroyables secrets. Une vague de terreur sans précédent va surgir…
Tandis que le premier Saw du jeune et talentueux cinéaste australien James Wan reste à jamais gravé dans la mémoire collective comme l’un des meilleurs films d’horreur de la décennie ; Saw II, III, IV et V s’acharnent à s’enfoncer toujours un peu plus dans la médiocrité qualitative et la facilité grand-guignolesque. Seul Saw VI parvenait à rehausser un peu la franchise (en même temps, difficile de faire pire que les quatre autres…) sans pour autant s’affranchir du concept de surenchère cathartique caractéristique de la franchise, et semblait même vouloir clôturer cette saga peu glorieuse en limitant les dégâts grâce à un minimum de profondeur scénaristique. Mais non, après Darren Lynn Bousman (Saw II, III et IV) et David Hackl (Saw V), le chapitre final fut confié à Kevin Greutert, qui avait déjà réalisé le sixième opus de la série, en promettant plus ou moins d’enfin reconstituer toutes les pièces manquantes de ce gigantesque puzzle humain. Alors, que peut-on attendre de ce Saw 3D ?
Du gore bien sûr, toujours plus de gore… Rien de bien innovant de ce côté-là, certes, mais que serait Saw sans ses effusions de sang spectaculaires et ses mises à mort toujours plus fun ? Pas grand-chose, c’est sûr, mais cette fois-ci, les pièges de ce tordu de Jigsaw se montrent encore plus imaginatifs et originaux que dans les précédents volets ; les effets spéciaux irréprochables permettant une fois de plus au film de tout montrer avec une précision d’horloger fort réjouissante. Certains mécanismes sont tout simplement hallucinants de sadisme et d’ingéniosité (l’excellent piège de la voiture) et donnent lieu à des scènes absolument jouissives pour le spectateur avide d’une certaine forme de voyeurisme morbide sur lequel semble miser la saga. Notons toutefois que ces scènes manquent cruellement de vraisemblance (comment Jigsaw a-t-il pu trouver le temps, l’argent et surtout autant de hangars désaffectés pour créer tous ses pièges ?) mais bon, nous ne sommes pas vraiment là pour juger de ce qui serait réalisable ou pas dans la vraie vie, pourvu qu’on s’éclate, le reste importe peu… Donc, durant près d’une heure et demi, on a droit à une ribambelle de corps découpés, transpercés, arrachés, écrabouillés, égorgés, et j’en passe et des meilleures… Heureusement, d’ailleurs, que le spectacle est de la partie, car si le film devait uniquement reposer sur son scénario… On serait pas dans la merde.
C’est un fait, le scénario de Saw 3D enterre définitivement l’histoire déjà bien foireuse de la saga. Souffrant de nombreuses incohérences, de trous noirs en veux-tu en voilà et d’un twist minable ficelé à la va-vite, certainement le plus débile d’entre tous les Saw, l’on peut affirmer sans risque de se tromper que l’intrigue n’est vraiment pas le point fort de la série. Si le premier épisode reste inégalable en terme d’inventivité (et surtout de clarté) scénaristique, le reste est quant à lui carrément à la ramasse. On a vraiment l’impression que le twist est là uniquement « parce qu’il faut un twist », parce que c’est devenu la tradition et que Saw sans son twist, c’est un peu comme… Saw sans James Wan. Enfin, là encore, mis à part quelques spectateurs qui apprécient la saga Saw avant tout pour son histoire (basée sur des tours de passe-passe dignes d’un David Copperfield), les fans de gore auront toutes les chances d’y trouver leur compte, même en l’absence de véritable scénario.
Mais abordons maintenant le sujet qui fâche, la 3D… Non, mais quelle arnaque !!! A côté de Saw 3D, Resident Evil 3D : Afterlife faisait honneur à notre porte-monnaie, vraiment. C’est simple, elle ne sert strictement à rien et, si ce n’est quelques éclaboussures sanguinolentes et autres giclées de tripes plus que ponctuelles, elle est carrément inutile du début à la fin du film. Soit un élément supplémentaire venant renforcer l’idée que la franchise n’est pas seulement motivée par un amour inconditionnel du cinéma… (vous avez dit commerciale ? Nooooon…) Côté esthétique, c’est avec un réel soulagement que l’on peut constater que les sempiternels mouvements de caméra tournoyants et superposés ont enfin été éradiqués (et je pèse mes mots, car à mes yeux il s’agissait là d’une véritable infection) au profit d’une mise en scène plus sobre et surtout bien moins irritante que ses prédécesseurs. Enfin, en ce qui concerne la musique du film, le thème principal de Saw est ici repris sur différents modes somme toute assez simplistes mais tout de même efficaces.
Mettons-nous d’accord, Saw 3D n’a rien du film de l’année et pue l’opportunisme à des kilomètres, mais, malgré tout, on ne s’ennuie jamais, pourvu que « fun » et « gore » soient les maîtres-mots de la soirée escomptée… Si vous espériez enfin trouver des réponses aux interrogations posées depuis le II, vous en aurez, mais au prix de nouvelles énigmes… En revanche, si vous souhaitez vous défouler par procuration par le biais d’images-chocs qui ne craignent pas l’outrance, ce film est fait pour vous…
Par Emmanuelle Ignacchiti