« The Walking Dead » est une mini-série zombiesque hautement sympathique et gros carton au box office télévisuel américain. Chez nous, comme d’habitude, les médias traditionnels se sont empressés d’oublier les films de zombies réalisés par le passé pour juger ultra-original le traitement du genre dans le show.
Rick Grimes (Andrew Lincoln) et une partie des survivants
La série remet-elle vraiment au goût du jour le mythe du zombie ? Pas tellement finalement… Prenez n’importe quel épisode de la filmographie zombie de Romero et étirez le sur six heures vous arriverez probablement au même résultat. Le mort-vivant ayant une psychologie plutôt limitée, on ne compte plus les œuvres plus ou moins réussis s’intéressant aux questionnements moraux des vivants projetés en pleine apocalypse. Continuer à vivre le rêve ricain alors que les morts reviennent bouffer les vivants, n’était-ce pas après tout l’un des thèmes de « Dawn of the Dead » ? Comme dans « Day of the Dead », on retrouve dans la série un complexe militaro-scientifique et comme chez Romero la sécurité y est toute relative. On se retrouvera aussi confronté à un gang comme dans « Diary of the Dead » et l’épisode d’ouverture montrant Rick Grimes se réveillant dans un hôpital déserté renvoie inévitablement à « 28 Jours Plus Tard ». Bref, inutile de détailler tous les emprunts conscient ou inconscient à l’entier corpus cinématographique zombiesque, « The Walking Dead » suit bien le cahier des charges du genre, et intéressons nous plutôt à la série en elle-même.
C’est plus ce que c’était le service public
Hormis cette légère déception, la révolution annoncée étant quelque peu diminuée dès les premières séquences, le show est plus qu’appréciable et compose une ambiance de fin du monde particulièrement crédible. L’atmosphère post-apocalyptique est ainsi instauré par une grande variété de paysages délabrés et désertés, renforçant le sentiment de désastre global. Un certain lyrisme émane même des séquences montrant Rick Grimes voyageant à cheval vers Atlanta tel un pionnier parcourant une Amérique à redécouvrir maintenant que la mort en est devenue l’unique et ultime propriétaire.
Shane Walsh (Jon Bernthal) tente de remaker La Petite Maison Dans La Prairie
Les attaques de zombies sont finalement assez rares, nos protagonistes essayant au maximum d’échapper à la confrontation, mais la tension entourant l’attente de ces scènes en décuple l’intensité. Cela d’autant plus que la réalisation ne lésine pas sur le gore. Car oui, pour un show américain à gros budget, les effets sanglants sont dignes d’un bon vieux Romero : des scènes de cannibalisme aux headshot en gros plan, « The Walking Dead » n’y va pas mollo, allant même jusqu’au bien craspec lors d’une mémorable scène de démembrement. Les SFX et maquillages sont de bonne facture avec un bémol parfois pour l’utilisation, même mesurée, de CGI un peu cheap comme pour cette femme-zombie rampante du premier épisode. En plus d’être décomplexé graphiquement, la série sort par moment du carcan du simple survival bourrin et insuffle une certaine empathie pour les morts, du moins une compassion pour leur sort, au détour de scènes rappelant l’humanité récente de ces cadavres ambulant et affamés.
Les protagonistes ne mettent heureusement pas six épisodes pour comprendre qu’il faut viser la tête
Côté personnages et pour une série censée suivre un groupe de survivants, « The Walking Dead » souffre un peu de la comparaison avec « Lost ». Là où la série initiée par J.J. Abrahams laissait un espace d’expression suffisant pour faire exister chaque personnage, « The Walking Dead » se concentre dès le générique sur le trio finement composé par Rick Grimes, sa femme Lori et le collègue/meilleur ami/amant Shane Walsh, cela au détriment du reste du groupe. Hormis le portrait touchant de deux sœurs qui amènera l’une des scènes les plus fortes de la série, le scénario bâcle un peu la caractérisation de certains personnages comme Glen le nerd débrouillard, ou Dale, le vétéran de l’affaire. Les autres personnages, en plus d’avoir peu de présence à l’écran, s’enfoncent dans le cliché sur patte, que ce soit le noir à béret Kangol nommé T-Dog ou Morales le latino et sa famille nombreuse. La série télé ajoute par contre à la petite troupe deux white trash bien charismatiques dont un Daryl complètement badass et interprété par le trop rare Norman Reedus.
Arbalète et fusil à pompe, la chasse est ouverte!
L’ambition et l’innovation apportées par le comics original au genre portaient leurs fruits sur la longueur, en narrant comment notre petit groupe en exode permanent subvenait à ses besoins primaires tout en évitant de servir de petit-déj’ aux « walkers ». La série fait à l’opposé un peu du sur place et attendra le dernier épisode pour s’échapper du camp initial. La narration parait alors quelque peu redondante quand les protagonistes viennent arpenter une nouvelle fois les rues infestées d’Atlanta afin de récupérer un sac de munitions et un congénère resté sur place. Cela d’ailleurs pour finir sur une leçon de moral un peu neuneu du type « l’habit ne fait pas le moine » et déjà bien usée par Frank Darabont sur The Mist et La Ligne Verte.
Deux zombies tentent l’incruste alors qu’un personnage est coincé sur le toit…
Finalement, on regrette surtout que la série ne boucle pas en fin de saison au moins l’arc narratif du trio amoureux et se contente plutôt de sortir de quasi-nulle part une nouvelle péripétie à la conclusion bien désespérée. Il reste à espérer que les récents chamboulements dans l’équipe de scénaristes et de production de la série aura une impact positive sur la maintenant très attendue saison 2 qui sera au dernière nouvelle diffusée dès Juillet prochain.
Saison 1 diffusée en mars 2011 sur Orange Ciné Choc
DVD et Blu Ray US dispo dès le 8 mars 2011
BONUS:
Entre les zombies et Sarah Wayne Callies, qui est le plus maquillé?
Review par Alex B