ILS sont là. ILS, les extraterrestres. Ils sont parmi nous, face à nous, voire en nous. Et ils sont nombreux, si nombreux qu’il serait difficile de tous les convoquer pour la photo de classe. Ils sont là depuis déjà longtemps, pour ce qui nous concerne directement ; depuis le début du siècle dernier et Le Voyage dans la Lune de Méliès en 1902. Mais alors ils étaient chez eux et leur rencontre tenait de l’expédition anthropologique. Cet exotisme aventureux, sorte de colonialisme spatial, émailla ainsi le cinéma jusque dans les années 50. Exutoire à la crainte d’une invasion des États-Unis par l’Union soviétique. Menace communiste entretenue par une paranoïa maccarthyste très virulente. Le tout alimenté par l’affaire Roswell (1947).La Chose d’un autre monde, The Blob, La Guerre des mondes, L’Invasion des profanateurs de sépultures, La Marque, Le Météore de la nuit…
De la science-fiction qui tenait autant de l’épouvante que du film de guerre (La Chose d’un autre monde) et du film d’espionnage (La Marque ou L’Invasion des profanateurs de sépultures), voire purement et simplement de la propagande. La rencontre pouvait alors être frontale, la confrontation brutale de l’homme à une force qui le dépasse (La Chose d’un autre monde, The Blob), ou insidieuse, quasi virale, l’extraterrestre s’emparant de la forme et de l’esprit d’humains (L’Invasion des profanateurs de sépultures, Invaders From Mars, Le Météore de la nuit) pour porter le danger de l’intérieur.
Avec les années 60 les horizons du cinéma, comme de la société, se sont ouverts et la fin des années 70 nous a ouvert à un nouveau type d’extraterrestre tel L’Homme qui venait d’ailleurs, héros promenant son regard sur notre monde comme Montesquieu postait ses Lettres persanes. Alors, l’humanité était prête au contact : Rencontres du 3e type. Et à partir de là, malgré un Alien effroyablement grandiose, indémodable premier d’une lignée de prédateurs du futur spatial, E.T. a pu pénétrer dans tous les foyers et tous les cœurs, accueilli à bras ouverts. Mais c’était sans compter avec la force métaphorique de l’extraterrestre. En marge d’E.T.sorti au même moment, Carpenter ne lâche pas le morceau et contraint magistralement la chose à reprendre du service dans _The Thing*_ (que l’on pourrait lire aujourd’hui comme une allégorie du virus du SIDA). L’extraterrestre des années 50 était largement un élément de propagande anti-communiste, les années 70 l’ont régénéré, Carpenter dans les années 80 en a fait un élément de subversion (The Thing et Invasion Los Angeles ayant trait directement à la politique reaganienne), comme Mars Attacks ! un peu plus tard, dans un registre burtonien, ou Verhoeven et son Starship Troopers.
Dès lors, si l’on excepte les OVNI tels qu’_*Alien*_ ou Predator et les OFNI (objet filmique non identifié) tels que Plan 9 from Outer Space ou L’Invasion vient de Mars de Hooper, l’extraterrestre de cinéma navigue entre le film à message subliminal et le spectaculaire d’un blockbuster dopé aux nouvelles technologies en matière d’effets spéciaux. Et quand il revient sur Terre, parce qu’il nous rend régulièrement visite, c’est bien souvent sous la forme de remake de ces films sus-cités (La Guerre des mondes, Le Jour où la Terre s’arrêta…), tout en référence, hommage ou parodie, mais toujours en forme de clin d’oeil et tape dans le dos, déférence envers un vieil ami de la famille que l’on est heureux de retrouver. Retrouvailles du 3e type…
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