DAHMER : retour sur la série Netflix dont tout le monde parle

Les fans de True Crime (et tous les autres) n’ont pas pu passer à côté : Dahmer : Monstre – L’histoire de Jeffrey Dahmer la nouvelle série criminelle de Ryan Murphy, créateur entre autres de American Horror Story et American Crime Story (O.J. Simpson et Versace) avec Ian Brennan. Et pour cause, mis en ligne sur Netflix au mois de Septembre, elle bat déja des records. Portée par un Evan Peters incroyable, la fiction revient sur la vie et les crimes de Jeffrey Dahmer, ainsi que ses victimes. De 1978 à 1991, cet homme originaire du Wisconsin aux États-Unis, a reconnu avoir tué 17 hommes.

Les 10 épisodes de la série retracent cette affaire à travers le point de vue du meurtrier, mais aussi d’autres personnages comme son père, dont il était proche, de témoins (la voisine de Dahmer notamment) et de certaines victimes et de leurs familles. Avec une telle histoire, on doit déja saluer que les réalisateurs aient tenté de mettre de côté le gore. Il y avait pourtant matière, mais la mise en scène est plus suggérée qu’attendu, et c’est salutaire. Aucun besoin de voir du sang ou des cadavres pour rendre compte de l’horreur de cette affaire. Ils choisissent plutôt de miser sur le malaise, et c’est assez réussi. Les atrocités commises par le tueur sont la plupart du temps suggérées ou filmées en hors champ. Les détails, eux, sont souvent énoncés à travers les dialogues. La tension crée par le personnage central, sur la menace qu’il représente, le danger imminent tiennent en haleine et rendent la série vraiment addictive. D’où son succès : ceux qui ne connaissent pas l’affaire veulent savoir comment l’histoire se termine. Ceux qui la connaissent sont curieux de voir comment la fin de Dahmer va être mise en images.

Cette réussite tient en grande partie au talent de Evan Peters, saisissant en tueur froid et paumé. Toujours sur le fil, à la fois calme et flippant, Peters retranscrit très bien ce personnage glaçant, et la manière dont il s’est créé ; entre négligences familiales et errements de la société. Tour à tour charmeur et totalement effrayant, il montre parfaitement comment un tel tueur a pu procéder, quasiment aux yeux de tous. Le procès en complaisance est d’ailleurs lié à ce choix d’acteur, idolatré par la jeune génération, trop sexy pour certains, des jeunes filles confuses (et débiles) font même le lien entre Peters et Dahmer, allant même jusqu’à défendre ce dernier. On croit rêver.

On ne va pas vous mentir : terminer la série est vraiment éprouvant. Parce que certains épisodes ont choisi le point de vue des victimes, et de leurs familles (qui, rappelons le, sont encore nombreux à être vivants aujourd’hui). L’aspect sociologique et politique n’est pas en reste, puisque la série propose une critique de l’homophobie et du racisme ambiant aux Etats-Unis au tournant des années 1980-1990. Et c’est un aspect qui avait été très peu traité médiatiquement dans l’affaire Dahmer et les autres films ou documentaires réalisés dans le passé.

On y ajoute un portrait peu flatteur des institutions, qu’il s’agisse des employés de la police, de la justice ou du système pénitentiaire américain : et on obtient autant de sujets de possibles indignations.

La série est une véritable réussite, que chacun regardera dans sa sensibilité. Ce que Dahmer dit de la société et plus important que toutes les controverses : le fait qu’il ait pu tuer, pendant 13 ans, avec un tel mode opératoire, dans l’indifférence générale des forces de l’ordre en dit long sur la société américaine des années 90. Qu’il ait été tellement glorifié en prison est aussi un sujet majeur, qui n’est pas nouveau, mais qui vient questionner la perversité de certains (certaines aussi d’ailleurs). On aurait aimé que l’accent soir davantage mis sur la psychologie de Dahmer et sur les mécanismes qui ont rendu possible son passage à l’acte. Car c’est certainement le plus frustrant : ne pas savoir pourquoi.