Présenté en ouverture du dernier festival de Sitges il y a quelques semaines, Eva y a remporté le prix des meilleurs effets spéciaux avant de remporter également une mention spéciale du Jury de la Mostra de Venise. Il vient également de remporter deux prix au Festival Fantasporto (Portugal) dont celui du meilleur premier film. Eva débarque maintenant en France le 21 Mars dans les salles obscures après avoir séduit une bonne partie des spectateurs du festival de Gérardmer en Janvier dernier.
Kike Maíllo, qui débute sa carrière en tant que réalisateur, ne souhaitait pas pour son film, et sa représentation du futur, une vision apocalyptique futuriste où la violence règne dans un univers sombre et glauque. De son point de vue, il était plus intéressant de créer une ambiance qui, sans être parfaite, suggérait une coexistence entre la civilisation et la nature. A partir de cette note d’intention, Eva essaie de créer un effet diamétralement opposé à celui que la science-fiction nous évoque habituellement, en établissant un fondement très familier. C’est d’ailleurs en partie que Kike Maíllo reprend les formes et l’esthétisme du cinéma des années 70 et 80 en assumant le côté nostalgique de ce postulat.
Et dès le générique de début qui se trouve être une espèce d’arborescence de bulles de verre qui se créent les unes à partir des autres et dont on comprendra l’importance plus tard dans le récit, on est immergé dans cet univers fantastique. Cette trouvaille visuelle va être la première de toute une série d’idées créatives sublimes qui réinventent un peu à leur manière un aspect de la science-fiction qui devient ici poétique.
Sans réinventer le concept de création de robot androide ( ce qui n’a jamais été son but ), Kike Maíllo réussit pourtant à injecter dans son premier film un étrange mélange de modernité futuriste ( le film se passe en 2041 ) portée par les évolutions imaginées de l’informatique et de contexte “vintage” où les décors semblent s’être figés dans les années 1970. Ce qui donne un aspect visuel assez particulier au film, et surtout très personnel ! Eva est sans conteste une véritable réussite visuelle où les couleurs associées à la froideur des décors prennent tout leur sens.
Mais la perfection n’est pas que visuelle, elle l’est aussi dans une histoire simple mais qui parle à chacun d’entre nous, là encore par sa familliarité. Les acteurs, dont les visages connus de Daniel Brühl et Martha Etura, sont au premier plan car ils nous servent une interprétation mesurée, toute en finesse de personnages complexes, non exempts de défauts et très attachants. Mais c’est avant tout Claudia Vega qui crève l’écran dans le rôle de cette petite fille de 9 ans pleine de vie et si émouvante. Pour une enfant débutante, puisque c’était là son premier rôle, son aisance et sa facilité à développer les émotions sont prometteuses pour sa future carrière.
Avant tout authentique et tendre, Eva fait écho à tout ce qu’il y avait de meilleur dans le grand cinéma des années 70. D’ailleurs, le réalisateur nous avait présenté le film à Gérardmer en le comparant notamment à E.T. Et si on avait été quelque peu surpris de cet apparent manque d’humilité avant le film, on peut dire en sortant de la salle que la comparaison est largement tenue.
La note est excellente, la critique acclame ce film comme étant un “chef d’oeuvre”, mais une question se pose : s’agit-t’il vraiment d’un film d’horreur ? Vous en parlez comme d’une oeuvre de science fiction, et ne faites allusion à aucun aspect qui pourrait indiquer qu’on se trouve bien dans un contexte “d’horreur” ? erreur ?
Pericles : le film a été vu lors de sa projection du Festival de Gérardmer. A partir de ce moment là, on estime qu’il entre dans le registre des films fantastiques.