Survival se déroulant au large des côtes islandaises, Harpoon: Reykjavik Whale Whatching Massacre met en scène la difficile réinsertion des harponneurs chasseurs de baleines.
Ce HRWWM, pour faire court, laisse le traditionnel décor du survival post-Delivrance et sa ruralité crasseuse pour situer son action sur un vieux baleinier pas vraiment plus propre et abritant une famille de dangereux psychopathes. Vouant une haine totale aux amis des bêtes, la meute sillonne les côtes en quête de « whale watchers » à décimer.
Le générique, et sa transition entre vieilles images de baleiniers en plein action, montées sur une musique nostalgique, et cadre moderne, décadent d’un club de Reykjavik qui pue le désespoir, laissait croire que le film aller jouer à fond la carte du choc des générations. Le clash entre amis de la nature et vikings tueurs de baleines au chômage. Mais ce background écolo-économique passe vite à la trappe et n’est finalement qu’un prétexte pour présenter les islandais comme un ensemble de fous furieux, tous serial violeurs, tueurs en série ou même bobos de compétition, cela hormis et « paradoxalement » – gros clin d’œil survendu aux connaisseurs – le vieux capitaine sympa du bateau touristique interprété par Gunnar Hansen, le Leatherface du Massacre à la Tronçonneuse original.
Merci Gunnar pour ta courte participation…
Pour sa partie survival, c’est-à-dire une fois que les touristes se retrouvent sur le bateau des fous furieux, HRWWM cite abondamment la série de Tobe Hopper et ses incarnations plus récentes du genre Détour Mortel. Les effets gores sont nombreux, brutaux et parfois d’une d’originalité bienvenue comme ce harponnage bien cynique d’un japonais nageant en pleine mer. La réalisation, sobre et efficace, se charge de l’atmosphère glauque et poisseuse du bateau quand elle n’accable par l’île d’une lumière froide et agressive.
Un cadre original et bien exploité, des effets gores réussis, une réalisation assez classe, mais pourquoi ce HRWWM ne décolle jamais ? On appellera cela le syndrome « petit malin » d’une production de genre qui en fait trois tonnes pour sortir de ce carcan. Au lieu de bétonner la tension de son survival, le scénario préfère se perdre en digressions scénaristiques censées développer une vision nihiliste et désespérée. Et c’est lourd… Tous les touristes, du frenchie alcoolo à la ricaine facho, arrêtent d’être crédibles dès que le scénario les transforme en rebus d’humanité. L’ensemble peine à paraître cohérent, à l’exemple de cet instant musical complétement artificiel où une allemande entonne un titre de Björk, fierté islandaise oblige, pour calmer les autres passagers.
Le montage parallèle d’une sous-intrigue débutant en milieu de film finit de briser toute tension concernant la survie des touristes restés sur le bateau. Même le sort réservé au personnage du noir « gay et sage » passe pour un twist un peu trop référentiel – je ne mentionnerais pas le nom de l’œuvre citée pour éviter tout spoiler – pour vraiment faire son effet. Enfin, le final du film, avec un guest sorti de « Sauvez Willy » et accentuant encore plus la connerie complètement surréaliste de l’un des personnages, finit de rendre le spectateur complètement dubitatif sur ce qu’il vient de voir.
Harpoon : Reykjavik Whale Watching Massacre reste donc un survival très oubliable, le plaisir étant quelque peu gâché par un scénario aux intentions confuses et fort en digressions inutiles.
Film dispo le 1er mars en DVD/Blu Ray chez ICO.
Par Alex B
Pas complètement d’accord avec la critique de ce film. si les goûts et les couleurs ne se ressemblent pas pour chacun, ce film est assurément pour moi un des films de l’année. Si effectivement les touristes sont majoritairement stéréotypés, certains sortent, à mon sens, des sentiers battus (ne serait-ce que par exemple l’attentat de deux d’entre elles) et on nous livre un spectacle on ne peut plus brutal, aussi simpliste qu’efficace. Et si la fin peu effectivement laisser dubitatif, ce n’était pas péjoratif. C’est un film à regarder pour se faire avis, à condition d’aimer les films d’horreur simples, sans prises de tête. Le petit plus que j’ai apprécié, c’est le phisique lambda de ses acteurs, à l’inverse des américains, ce qui m’a davantage immergé dans le film. Une bombe!