Téléfilm sorti au début des années 90, il s’agit de l’adaptation du roman éponyme de Stephen KING, déjà auteur des romans cultes “Carrie”, “Shining” ou encore “Cujo”. Réalisé par Tommy LEE WALLACE, ce téléfilm ou “mini-série” se décompose en deux parties d’une heure trente-six, sorties respectivement, aux Etats-Unis, les 18 et 20 novembre 1990 et le 16 octobre 1993 en France.
Une mini-série qui est devenue totalement culte grâce, notamment, à l’interprétation incroyablement glaçante de Tim CURRY, qui a terrorisé toute une génération d’enfants et d’adultes. Nous sommes d’ailleurs nombreux aujourd’hui encore à ne pas supporter la présence d’un clown à cause de ce traumatisme. A la fois drôle, implacable, imprévisible et toujours terrifiant, l’entité diabolique à laquelle Tim Curry prête ses traits demeurera l’une des figures les plus marquantes des années 90. La transformation est totale, si radicale, que même la voix de l’artiste en devient méconnaissable, épousant totalement l’esprit retors du monstre tueur d’enfants. Cette adaptation souffre malgré tout de défauts qu’il est aujourd’hui difficile de ne pas voir.
D’abord, c’est un téléfilm, comme dit plus haut, fait pour la télé, un format qui présente ses limites. Par exemple, la violence, pourtant présente en masse dans le livre, est édulcorée et surtout celle envers les enfants, l’oeuvre originale est donc dénaturée. Toute la peur passe par les trop rares apparitions de “Ca” à l’écran, environ 10 minutes sur les trois heures, alors que dans le livre “Grippe-Sou” est beaucoup plus présent. Présenté en deux tomes, l’oeuvre de Stephen KING est l’un des romans le plus complexes et les plus recherchés : tous les événements ont une importance dans le récit. On sait que transposer un livre en long-métrage est extrêmement compliqué car tous les détails ne peuvent être retranscrits, on l’a vu récemment avec “La Tour Sombre”, autre adaptation du maître de l’horreur, qui a été très mal reçue surtout de la part des fans qui critiquent entre autres le côté brouillon, inabouti.
Et le téléfilm “Il est revenu” prend beaucoup de libertés vis-à-vis du livre. Le premier meurtre de la “version adulte”, par exemple, n’est plus celui d’un l’homosexuel mais celui d’une petite fille. Au-delà de la comparaison entre le livre et le téléfilm qui n’est pas le but premier ici, on peut pointer que l’interprétation des différents acteurs est aussi un point faible, en particulier celle des adultes. Bill, joué par Richard THOMAS, est insipide. Il est le héros principal de l’histoire, nous devons normalement être derrière lui , croire en lui, mais là en l’occurrence on n’y croit pas tellement il est transparent et a un jeu sans relief. La version jeune du “club des paumés” (et non ratés comme dans le livre) est au dessus, Seth GREEN (Buffy, Austin Powers) en tête.
Le budget n’a pas aidé non plus : limité, il se fait ressentir à l’écran, notamment au niveau des effets spéciaux, nous sommes quand même en 1990 et les trucages numériques sont en plein essor à cette période-là. Alors quand on en voit la platitude, par exemple quand Pennywise sort de la douche ou, encore, quand il est vaincu par “le club des paumés”, celui-ci disparaît comme un ballon qui se dégonfle, l’effet est un peu raté.
Même si le métrage a vieilli, cette adaptation reste malgré tout dans les mémoires depuis presque 30 ans. Il joue très bien sur la nostalgique des héros et la construction des personnages est bien rendue. Et on ne peut pas oublier certaines scènes cauchemardesques ont aussi marqué les esprits : le film regorge de passages mémorables : la transformation de gâteaux en insectes et morceaux de cadavres animées, des têtes apparaissant dans un réfrigérateur, une énorme bulle de sang éclatant au visage de Bev… toutes ces scènes sont aussi abominables qu’inoubliables.
Loin d’être un “film” parfait, “Il est revenu” a marqué une génération et demeure une des adaptations les plus soignées du roman de Stephen King.