Réalisateur : Songyos Sugmakanan
Scénaristes : Chollada Teawsuwan / Vanridee Pongsittisak
Producteur : Yodphet Sudsawad
Avec : Jintara Sukaphatana , Charlie Trairat
Les films fantastiques asiatiques ont connu un essor particulier ces dix dernières années, avec de bonnes ( The Ring, The Grudge ) et des mauvaises ( The Wig, Spirits … ) idées. Si bienque, lorsqu’on s’apprète à regarder un film thaïlandais comme celui-ci, on y réfléchis à deux fois et on s’attend au pire.
L’histoire : « Je me souviens très bien de la première fois où j’ai quitté la maison… J’avais 12 ans et j’étais en classe de 5ème. En plein milieu du semestre, mes parents m’ont transféré dans une nouvelle école. C’est mon père qui cherchait à m’éloigner de la maison, et de lui plus exactement. Cela peut vous sembler curieux, mais moi, cela ne me surprend pas, car je suis le seul à connaître son secret… Être transféré en plein milieu du semestre, c’est quelque chose de vraiment cruel. Je dois m’habituer à de nouveaux élèves, de nouveaux cours et à un nouveau dortoir dans lequel je ne me sens pas à l’aise. Le pire, c’est le nouveau lit dans lequel je dors. Qui sait combien de personnes y ont dormi avant moi ? Une rumeur dit que pendant des années, il y eut une piscine dans cette école où s’amusaient tous les élèves. Mais elle a fermé le jour où l’un d’entre eux se noya… Croyez-vous à cette histoire ? Je connais un secret. Si vous me promettez de ne le répéter à personne, je vous le dévoilerai…»
Elève rêveur engoncé dans le strict système scolaire thaïlandais, Chatri est envoyé en pension par son père, pour y apprendre la discipline et y devenir un homme, un vrai ! Un établissement qui cache un lourd secret… Je m’attendais à un film proche de L’Orphelinat ( vu le titre ! ) mais finalement il en est bien loin. L’ambiance est froide, à l’instar de certains films espagnols comme Fragile ou Les Autres ( qui concernent là aussi des enfants ). On se prend très vite au jeu car le film reprend à son compte nos peurs enfantines , et pas seulement la peur des fantômes : l’endroit inconnu, la nouvelle école, les nouveaux camarades, la solutide .. ces sujets nous parlent à chacuns et c’est peutêtr ici l’une des réussites du film : celle de parler à tout le monde.
Autre chose, le film ne va jamais vers la facilité : là où on frissonne devant certaines scènes du début ( avec les chiens ), on réalise que le fantôme n’est pas là pour faire peur, il n’est d’ailleurs pas filmé comme tel. Même si l’histoire n’est pas des plus originales, il faut bien le reconnaître, le résultat apparaît comme frais et agréable. Au lieu de jouer sur des effets horrifiques, le réalisateur joue la carte de l’émotion et de la sensibilité, des rapports complexes entre les personnages. Le film est joliment mis en image et possède une intrigue finalement très poétique. Le Pensionnat raconte avant tout le rude passage de l’adolescence vers l’age adulte. Le fantôme est présent pour guider le jeune héros à s’extirper du monde de l’enfance pour entrer dans celui des adultes, avec cette terrible idée que les évènements de la vie, y compris les plus dramatiques, n’ont pas nécessairement de justification.
Etant également un film de genre, Le pensionnat soigne le style avec notamment ‘une superbe photographie avec des tons plutôt ternes reflétant les peurs du jeune héros. Le pensionnat constitue une excellent surprise, un film touchant qui a séduit de nombreux festivals: il a obtenu le prix Junior à Cannes en 2007 ou encore l’Ours de Cristal du festival de Berlin la même année.