Sorti en 2017, ce film porté à l’écran par le réalisateur Andrés Muschietti et une nouvelle adaptation du roman de Stephen King (1986) et non un remake du téléfilm de 1990. C’est une histoire qu’on ne présente plus, tant elle est célèbre, mais un petit rappel ne fait pas de mal.
L’histoire prend place à Derry, ville typique des Etats-Unis, à la fin des années 80, Georgie Denbrough, sept ans, disparaît, comme d’autres enfants. Un an plus tard, Bill, son frère, et ses amis (Richie, Eddie et Stanley), formant un groupe appelé le « Club des Ratés », décident de comprendre ce qui s’est vraiment passé et se feront aider par Bev, Ben et Mike qui ont, eux aussi, eu affaire à une terrible entité qui vit sous la ville et qu’ils appellent « ça ». Celle-ci réapparaît tous les 27 ans.
Très attendue par les fans, impatients de découvrir le nouveau visage du clown et la nouvelle version de cette histoire car, il faut le dire, le téléfilm accuse le poids des années. Preuve de l’engouement, la bande-annonce a battu un record de vues sur YouTtube le jour de sa sortie, en récoltant près de 197 millions de visionnages, battu seulement par « Avengers – Infinity War ».
Andrés Muschietti décide de prendre une direction différente du livre et du téléfilm, le récit est linéaire, plus de saut dans le temps, on revient sur de la narration classique et l’histoire ne se passe plus dans les années 50 mais dans les années 80, proche du style de « Stranger Things » peut-être aussi parce qu’un des acteurs principaux, Finn Wolfhard, n’est autre que le Mike de la série.
L’horreur est ici bien réelle, plus de loup-garou ou autres peurs irrationnelles, Grippe-sou terrorise les enfants avec leurs phobies les plus profondes et les plus sombres avec comme exemple la scène de la salle de bain qui est inondée par des litres et des litres de sang – parallèle avec l’adolescence qui arrive et l’enfance qui se termine (et aussi, peut-être, un hommage au premier Freddy). Autres exemples, Eddie voit un lépreux, lui qui est hypocondriaque, ou encore les parents de Mike brûlant vifs devant ses yeux. « Ça », et donc les peurs qui vont avec, disparaît quand un adulte est là, comme les peurs des enfants qui disparaissent quand leurs parents sont présents, d’ailleurs les adultes ne peuvent pas voir ce qui les terrorise. Le côté psychologique et rationnel des peurs est très bien exploité, chacun peut se retrouver dans l’une ou l’autre des scènes où « Ça » fait vivre un cauchemar à l’un des membres de « la bande de losers ».
Côté casting, « la bande des losers » crèvent l’écran, toute la fraîcheur, la complicité, qui manque au téléfilm de 1990, est bien présente ici. Finn Wolfhard qui joue Mike fait mouche avec ses blagues à base de « ta mère est tellement grosse ». L’équilibre est parfait même si Bill, le leader n’est pas le plus charismatique mais il est touchant car investi pleinement par sa quête pour retrouver son frère. Tous sont convaincants, mention spécial pour Jeremy Ray Taylor, qui interprète Ben – le nouveau –, vraiment bon dans ce rôle.
Bill Skarsgård est parfait dans le rôle de Grippe-Sou, glaçant, il arrive à faire oublier Tim Curry, même si, bien qu’étant le même personnage, l’interprétation varie car les époques ne sont pas les mêmes. Dans la scène d’ouverture tout son talent éclate, il est drôle, naïf, espiègle mais aussi cruel, manipulateur, meurtrier. Bien que peu présent à l’écran – on parle d’environ 30 minutes sur les 2 heures que dure le film – il réussit à donner un second souffle au personnage de « Ça » qui était un peu usé et nous donne à voir une autre facette de cette entité dévoreuse d’âme.
Cette nouvelle adaptation est même adoubée par le maître de l’horreur – Stephen King – en personne qui dira « Disons simplement que j’avais de bons espoirs pour ce film car je connaissais le travail d’Andy sur « MAMA», et j’ai pensé qu’il était vraiment un réalisateur talentueux. Et j’ai aimé l’idée de se concentrer sur la partie « enfants » de l’histoire. Skarsgård est bon en Pennywise, d’autant qu’il a beaucoup à prouver, car les gens se souviennent encore très bien de la performance de Tim Curry, et ils se souviennent du look qu’il avait. »
Rendant hommage au téléfilm d’origine, à Stephen King ou encore à des films cultes « Ça » est un long-métrage très bien réalisé, il est beau à regarder, fait avec respect, c’est en quelque sorte un « Goonies » version horrifique qui réussit à nous hyper sur la suite, attendue en septembre 2019, alors que l’on connaît déjà l’histoire et la fin par cœur.
Enorme succès à sa sortie en salles, « Ça » a réuni un peu plus de 700 millions de recettes mondiales et il est encore aujourd’hui le film d’horreur le plus rentable de tous les temps.
Par Clément Gaugue