Réalisé par les sœurs Soska (Dead Hookers In A Trunk), American Mary a pour premier mérite de redonner enfin un rôle à la mesure de Katharine Isabelle. Remarquée en teenage werewolf sexy dans la série des Ginger Snaps, elle était depuis quelque peu portée disparue, apparaissant de séries en films télé, avant de revenir aujourd’hui sur le devant de la scène en jeune étudiante en chirurgie, aussi charismatique qu’inquiétante.
Premier pas pour Mary dans l’illégalité
La Mary du titre c’est donc elle. Un personnage appâté par le gain et la notoriété underground, et bientôt lancé dans des opérations de modification corporelle “extrême” mais lucrative. Une fois franchie la ligne de la légalité – Mary opérant clandestinement et sans diplôme – le film déroule un univers étrange et nocturne, le personnage principal devenant un artiste aux multiples fans et entouré de personnages secondaires oscillant entre le mec louche et la “freak” totale. Contrairement à ce qu’on aurait pu attendre, c’est finalement le milieu de la chirurgie “traditionnelle”, présenté ici comme peuplé de vieux vicelards se prenant pour des dieux, qui va bientôt lui faire perdre pied.
Quand les réalisatrices passent sur le billard de leur création
Car le film joue sur les apparences, dans un univers où le reste ne semble plus avoir d’importance. Une ambiguïté entretenue toujours un peu plus par les agissements d’un personnage principal pouvant passer du statut de victime à celui d’héroïne féministe ou de tortionnaire psychopathe en l’espace de quelques plans. On peut penser au May de Lucky Mc Kee dans cette façon de présenter un personnage féminin en crise et aussi attachant que terrifiant dans sa psychose. De quoi alimenter le trouble chez le spectateur en plus d’attiser un brûlot bien senti sur la bien-pensance américaine, l’oppression de la norme, la violence subie par les différences et les conséquences d’une culture menée par l’appât du gain.
Beatress : une entrée pour la starification underground
La déception, relative si l’on tient compte de l’excellence globale, vient ici plutôt d’une trame qui, nous bousculant du rape and revenge au torture porn, en passant par l’horreur psychologique bien sentie et l’évolution réussie et très atypique d’un personnage de plus en plus ambiguë, se conclue sur un rebondissement très pauvrement et trop rapidement amené et aucunement à la mesure de ce qui précède. En gros, la réalité rattrape une Mary qui semblait jusque là évoluer dans un univers parallèle. Ce décrochage et retour à un quotidien qui n’accepte pas ces “freaks” qui peuplaient jusque là sans crainte le film, parait par effet de contraste un peu trop en demi-teinte. Malgré ses indéniables qualités, American Mary déçoit donc un petit peu par son incapacité à transformer une partie de ses enjeux les plus prometteurs.
Mary immortalise une dernière oeuvre exécutée dans la douleur…
Malgré cela, envoûtant et trash, drôle et tragique, le film des sœurs Soska – qui font d’ailleurs un tour sur le billard de l’American Mary – jonglent habilement avec les émotions du spectateur. Ajoutez à cela une réalisation inspirée et des interprétations au niveau et vous arrivez à l’un des films de genre à ne pas louper cette année.
Critique par Alex B
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TRAILER :
BONUS 1 : un gif sympatique…
BONUS 2 : Quelques visuels alternatifs…