Dring dring, un coup de téléphone, des bruits de respiration suspects et un intrus dans une maison de sororité le soir de Noël. Ces éléments devenus des incontournables du genre donnent le départ du premier véritable slasher du cinéma. Innovant à l’époque, quelque peu oublié aujourd’hui, on ne peut pourtant pas ignorer l’inspiration que ce film a été pour Halloween, Scream ou encore Vendredi 13. Les coups de fils à répétition créent la cadence du film, comme un présage de mort à chaque appel de cet individu à la voix névrosée.
Cette ingénieuse façon de rythmer le récit apporte une angoisse de cet objet du quotidien, très vite on s’imagine répondre à la place du personnage. Ce malaise va rapidement s’amplifier avec l’omniprésence floue du tueur. “Black Christmas” aurait pu se construire comme un huis clos, en suivant les mésaventures de ces étudiantes enfermées avec leur malfaiteur. Malheureusement, le film est passé à côté, les scènes en extérieur relâchent la tension et cassent maladroitement l’aspect horrifique du film. Néanmoins, la maison conserve son ambiance lourde du début à la fin, entraînant ce sentiment de peur dès qu’on franchit le seuil.
Le film est ancré dans le style des années 70, il a du mal à se vouloir intemporel malgré une bonne qualité visuelle et une ambiance de menace cachée qu’on retrouvera sublimée l’année suivante dans les Dents de la Mer. Cependant le résultat est là, le film choque, effraie et laisse un arrière-gout d’anxiété dans un générique final très oppressant. Le visuel est bien travaillé, les meurtres sont originaux, la caméra offre des plans irréguliers voir déformés qui se collent parfaitement avec l’esprit malsain du tueur. Tout tourne autour de cette mystérieuse personne, le film est fait pour que l’on soit focalisé sur cet intrus et qu’on en oublie les habitantes de la maison.
Bien que des éléments aient été ajoutés au personnage de Jess pour la recentrer dans le récit, ils ne seront incorporés que pour complexifier encore plus l’identité de l’agresseur. “Black Christmas” frappe fort, le tueur devient le héros malgré lui. A l’inverse des slashers suivants, son visage ou son masque ne sont jamais apparents, pourtant son personnage marque, fascine et prend toute la place du film. L’esprit de Noël a du mal à s’imposer, cela ressort plutôt comme un prétexte utilisé pour opposer les musiques festives avec une intrigue étouffante. Ce contraste est intéressant mais pas
abouti, ancrer ce récit dans un chaleureux décor de Noël aurait relevé du génie, mais malheureusement on en oublie très vite cette période jusqu’au générique de fin. “Black Christmas” commence donc efficacement le genre du slasher, il pose les bases, crée les codes et se montre même innovant sur de nombreux points. Bien que ses successeurs vont rapidement le surpasser, il conserve son rôle de pionnier et vaut le coup d’œil. Un film culte qui mériterait d’être redécouvert en période de fêtes.
Par Joanny Combey.