Après avoir été acteur et assistant réalisateur pour le haut du panier du cinéma d’horreur italienne des années 70/80 (Dario Argento, Lucio Fulci) puis le bas (Lamberto Bava, Joe D’Amato), Michelle Soavi passe à la vitesse supérieure avec Bloody Bird, petit film à la croisée du slasher et du giallo. Pour apprécier Bloody Bird, il faudra passer outre ses vingts premières minutes, assez mauvaises il faut le reconnaitre.
En effet entre l’esthétique ringarde, sorte de délire new age déjà datée à sa sortie, les acteurs qui jouent mal, la musique affreuse et un postulat de base assez bête, on n’est pas épargnés. L’histoire : deux personnes d’une troupe de théâtre s’en vont soigner une entorse dans un asile psychiatrique, et ramènent avec eux un serial killer qui vient tout juste de s’échapper dans l’entrepôt ou une pièce est répétée, on vous laissera la surprise de savoir pourquoi la troupe reste sur les lieux après le premier meurtre. C’est cependant sur la longueur que Bloody bird se révèle. En fait, dès que le tueur entre en scène, le film change radicalement d’ambiance. À partir de ce moment, la réalisation et la photographie rappellent par moment les meilleurs oeuvres de Dario Argento, et le film se transforme alors en Slasher bien énervé, par moment bien gore et ,chose rare, avec des protagonistes moins idiots que la moyenne.
Mais c’est dans son dernier tiers que Bloody bird atteint son paroxysme, le film change à nouveau et l’ambiance se veut plus onirique, avec son héroine qui traverse les décors, qui semblent être figée dans le temps, tel un fantôme. Durant ces quelques minutes inattendues, on a droit à quelques moments de tensions plutôt bluffants. C’est dans cette dernière partie que Michelle Soavi montre tout son potentiel. Avec un budget anémique de moins d’un million de dollars, le film paraît par moments mal fagoté, bâclé à cause de sa production fauchée, mais cela n’excuse pas par ailleurs un mauvais goût certain dans les choix de quelques effets de mise en scène assez grotesques dont le cinéaste aurait très bien pu se passer. Bloody Bird ne va pas jusqu’au bout de son projet esthétique mais il n’en demeure pas moins un film d’horreur plutôt efficace et inventif.