Beyond The Door, sobrement intitulé chez nous Le Démon Aux Tripes, est un film italien des années 70 qui vaut un peu plus que sa réputation de simple copie cheap de l’Exorciste et de Rosemary Baby.
Juliet Mills (connue à l’époque pour tenir le rôle principal du soap Nanny et le Professeur) y joue une jeune femme habitant à San Francisco, mariée à un producteur de disque en plein enregistrement d’une chanson groovy nommée comme par hasard « Faire un deal avec le diable ». Sous le coup d’une étrange possession la faisant parfois parler comme un vieux mec bizarre, léviter dans sa chambre, contorsionner sa tête et même vomir des flots de slime verdatre, elle s’apprêterait en plus à accoucher d’un rejeton du diable.
Parce que le démon peut aussi posséder les voitures !
Alors que son mari se retrouve sans recours, son ex-boyfriend (incarné par Richard – L’Enfer des Zombies – Johnson) débarque de nulle-part pour proposer son aide, à condition bien sûr de se retrouver seul avec la possédée. Ultra-confiant, l’époux éploré va donc se faire voir ailleurs et notamment dans une rue bondée où il se fait immédiatement pourchasser par des clochards musiciens pour le moins incongrus, l’un jouant même de la flûte avec son nez, cela lors d’un interlude musicale à l’image du film : déroutante.
Mauvaise idée les épinards au déjeuner…
Beyond The Door est un bel exemple de cette vague de films italiens des années 70 proposant leurs versions des hits hollywoodiens du moment. Des films apparemment écrits et réalisés sous acides et s’enfonçant parfois dans des abysses de kitsch proprement jouissifs aujourd’hui. Il suffit de voir la façon dont sont dépeints les deux enfants du couple : la gamine passe ton temps à jurer comme un charretier alors que le plus jeune quitte sa chambre en pleine nuit pour aller épier sa mère en train de dormir. Un portrait aussi décalé que fascinant, donnant naissance à des scènes sans aucune logique et preuve – on l’espère – d’un sens de l’humour bien tordu chez les scénaristes.
Un rituel qui s’apprête à faire un bide
Alors que l’Exorciste de Friedkin est un chef d’œuvre de terreur glacial, un pur film d’horreur « sérieux », Beyond The Door assume dès ses premières images son rôle de film bis pour Drive In. Le générique s’ouvre ainsi sur la voix de Lucifer, ni plus ni moins, avertissant le spectateur de la teneur du film tout en lui conseillant d’être méfiant : son voisin de salle obscure pourrait bien lui aussi être possédé ! S’ensuit direct un flashback de rituel païen – gros prétexte pour montrer un peu de nudité – sur un autel en plastique transparent parce qu’on ne déconne pas avec le design chez les italiens.
Magie des effets spéciaux : trois possédées pour le prix d’une!
Malgré cela, Beyond The Door parvient quand même à foutre la pétoche. Juliet Mills est complétement investie dans son rôle de possédée, le minimalisme n’étant pas de mise lors de séquences de schizophrénie la voyant tester toutes les mimiques glauques possibles en plan fixe («Et ça tu sais faire, Linda Blair ? » devait penser très fort l’actrice). Une tension bizarre, sorti de nulle-part, émerge dans plusieurs autres séquences comme ce passage où des poupées possédées s’en prennent aux deux gamins. Les effets spéciaux tiennent aussi la route hormis cette scène où la chambre des gosses, mise à mal par l’esprit frappeur, semble soudainement transformée en caisse de bois format XXL secouée dans tous les sens par quatre techniciens bourrés.
En somme, pas le temps de s’ennuyer dans cet exorciste-like à la sauce italienne qui connaîtra quand même deux suites. L’humour involontaire, l’absurdité de certaines idées le disputant à des moments d’authentique pétoche font de ce Beyond The Door un bon petit bis vintage pour tous les amateurs du genre.
Critique par Alex B
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