La saga Chucky a été initiée en 1988 par le scénariste Don Mancini. 30 ans après, on se retrouvait face à un constat en demi-teinte : une saga tellement bordélique avec de vraies pépites, une certaine sympathie mais aussi d’énormes déceptions. Au fil des années, les droits des films ont aussi été dilapidés à droite à gauche et ça fait des années qu’on parle d’un reboot sans que personne n’y parvienne vraiment.
C’est chose faite en ce mois de Juin 2019 avec “Child’s Play” mais aussi avec la série Chucky Murders qui s’apprête à prolonger les aventures du personnage sur le petit écran. Pour d’anticiper un succès potentiel et repartir de zéro, cette version de Chucky nouvelle génération, se voit obligée de bâtir sa propre mythologie, tout en restant suffisamment proche de l’original pour ne pas braquer la communauté de fans, ni apparaître comme une nouveauté qui ne bénéficierait pas de l’héritage qui est le sien. Plutôt intelligent comme façon de faire.
À l’origine, Chucky est une poupée dans laquelle un tueur en série maîtrisant la magie vaudou a téléporté son esprit après avoir été tué dans un magasin de jouets. Un scénario qui sent bon les nanars des années 80-90… La bonne idée de ce remake version 2019 est de se centrer dans un contexte plus moderne et ducoup, plus crédible. Aujourd’hui, Chucky est un robot intelligent connecté donc la fonction est d’être le meilleur ami d’un enfant. En effet, l’entreprise Kaslan vient de lancer une nouvelle ligne de poupées High-Tech connues sous le nom “Buddi”. Elles peuvent se connecter à tous les appareils Kaslan présents dans les habitations (enceinte, télé, thermostat, aspirateur, etc.) et contrôlent ainsi le domicile selon les souhaits de ses propriétaires.
Premier très bon point : le réalisateur Lars Klevberg est suffisamment malin pour jouer la carte de l’autodérision totale. Child’s Play est un film comico-horrifique qui assume son parti pris décalé et évite de s’embêter avec de la cohérence et des explications à rallonge. Tout est assumé, même les nombreuses bêtises, même les facilités scénaristiques, même les mauvaises blagues, même les incohérences. Et c’est finalement ce qui donne toute sa sympathie à ce film.
Ce qui rend ce Chucky 2019 attachant, c’est également les acteurs : tout le casting est excellent, le jeune Gabriel Bateman en tête. Ce dernier parvient à rendre le héros touchant par sa fragilité et on parvient à bien comprendre la complexité de con questionnement intérieur. Le petit groupe d’ados qu’il forme avec ses quelques amis est aussi très rafraîchissant.
Côté horreur, ce nouveau Chucky fait beaucoup plus rire qu’il ne fait peur. Lars Klevberg capitalise sur le comique gore, sur le langage grossier, plutôt que de tenter encore de faire peur à un public averti avec des ressorts horrifiques éculés. Par contre, les moments gores sont bien présents, bien généreux en hémoglobine, surtout dans les dernières 30 minutes. Alors oui la poupée en elle-même est affreuse mais on finit par s’y faire et le scénario offre des variantes à ce problème assez vite dans l’historie (no spoil).
Bref, alors que tout le monde présageait sans doute le pire, ce reboot tient son pari de raviver les sources du mythe Chucky là où son propre créateur paraît les avoir oublié dans les derniers opus de la franchise. Child’s Play est une très belle surprise. Une fois passées quelques raccourcis scénaristiques, on passe un très bon moment entre horreur et humour noir. Inventif, drôle et même parfois touchant, la saga Chucky est de nouveau sur les rails et ça fait bien plaisir !