« Chatroom » est une idée du thriller psychologique version « Envoyé Spécial : Les Dangers de l’Internet ». A la réalisation de ce film anglais, on retrouve Hideo Nakata, plus connu pour être l’initiateur de la vague des films de fantômes japonais avec au top, le premier « Ring » et « Dark Water » avant de se fourvoyer dans l’un de ces propres remakes et un film tv déguisé en blockbuster (« L : Change The World »).
Ce nouveau film reprend la trame d’une pièce de théâtre écrite par le dramaturge irlandais Enda Walsh. On y suit William, jeune homme accroc à Internet et créateur d’une « Chatroom » dédiée aux ados de Chelsea et qu’il restreint bientôt à quatre jeunes aussi perdus que lui. Tu es mal dans ta peau ? Tu te sens l’âme d’un pédophile en devenir ou tu encaisses mal le départ de ton père ? William le manipulateur en chef semble avoir une solution pour tout, dissimulant bien son objectif final : provoquer le suicide de l’un des participants.
Un casting varié pour cette “chatroom”
Sur ce pitch plutôt simple, Nakata ne se foule pas vraiment et représente le monde virtuel comme quasi-identique à la réalité, ces participants étant juste un mieux sapés et maquillés. Ce qui se résume dans le réel à envoyer des messages sur un forum via ordinateur ou mobile se transforme à l’écran en un long couloir parsemé de portes débouchant sur de nouveaux espaces de discussion. En plus de cette relative pauvreté dans la représentation du virtuel, le réalisateur n’en exploite que superficiellement les enjeux, ne s’en servant que pour parsemer son film de saynètes un peu faciles – le coup du pervers déguisé en jeune adolescente – et déjà vues en mille fois plus efficace au sein de campagnes de prévention.
En plus de proposer une vision d’un Internet qui n’aurait pas évolué depuis les antiques forums Caramail, Hideo Nakata se montre aussi bien lourdingue dans la mise en image des névroses de ses jeunes personnages : on aurait ainsi pu se passer de la métaphore des marionnettes pour surligner encore un peu plus l’esprit manipulateur du personnage principal. Pour également bien appuyer l’opposition entre les deux mondes, le film applique une désaturation supposée déprimante à toutes les images du réel tandis que l’univers des Chatroom se pare de couleurs chaudes et accueillantes. Bizarrement, la scène qui marche le plus est la vidéo youtube regardée maladivement en boucle par l’un des personnages, ce talent certains pour le minimalisme du quotidien décrochant par surprise dans l’horreur nous rappelle pourquoi l’on avait aimé les premiers films du réalisateur. On passera aussi sur certaines ficelles du scénario peu crédibles, que ce soit l’habilité d’un personnage à pirater un site à partir de son iphone ou le coup du court métrage en pâte à modeler digne d’un Wallace et Gromit censé avoir été réalisé en une journée par une jeune de 19 ans.
Hideo Nakata te signale un peu plus la névrose de son personnage principal
La résolution finale de ce film fort bavard décroche abruptement dans le comique involontaire. Les fusils mitrailleurs sont presque aussi incongrues que le plan sur le train et le film tente le spectaculaire de dernière minute pour s’achever sur un dernier plan complètement vain dans sa tentative d’insuffler du surnaturel dans les ultimes seconde.
Niveau casting, il est toujours plaisant de revoir Aaron Johnson (« Kick-Ass ») ainsi que la jolie Imogen Poots (« 28 semaines plus tard », « Centurion »). Le film squatte un peu plus la case « jeune » en débauchant aussi Hannah Murray et Daniel Kaluuya, deux acteurs vus dans la série british « Skins » et en présentant la mère du personnage principale comme un sosie .
William: un troll un poil trop agressif
Finalement Chatroom n’est qu’une énième variation un peu paresseuse sur le thème de la crise d’adolescence, les effets pervers de la « sociabilité virtuels » n’étant que peu exploités. L’histoire aurait très bien pu se dérouler intégralement dans le réel, par exemple au sein d’un groupe de discussion pour jeunes en difficultés. Débarrassé de ces quelques artifices esthétisant, le film se serait alors peut-être un peu plus intéressés à ne pas endormir son spectateur.
DVD « Chatroom » sorti le 5 janvier 2011.
Critique par Alex B
Je te trouve bien critique sur certains détails du film.
Le côté simpliste que tu trouves dans la représentation du virtuel comme identique au monde réel est quant à elle un atout. Au lieu de suivre les persos chacun chez soit derrière son écran, cela donne d’avantage de vie au film.
Et j’insiste sur la performance assez notifiable d’Aaron Johnson, ado tourmenté au vice assez particulier et sordide !