La Malédiction de Chucky : un retour réussi même si diminué par les contraintes budgétaires.
Alors que “Jeu d’Enfant“, sorti en 1988, avait traumatisé son lot de jeunes spectateurs, les deux derniers épisodes de la saga avaient mis de côté les attributs flippants de la “poupée tueuse” pour s’orienter vers la comédie horrifique, Chucky s’entourant de toute une famille de poupées pour des aventures de plus en plus grotesques. La tendance du moment étant repassée aux ambiances sérieuses – finis les ricanements et le second-degré, l’effet Nolan ? – la franchise se voit revenir aux sources avec un nouvel épisode qui n’est finalement pas tout à fait un reboot.
Dans cette Malédiction de Chucky, bientôt éclaircie par quelques révélations bienvenues, la poupée n’est cette fois plus le personnage principal et ses victimes reprennent un peu plus d’étoffe. L’intrigue reprend le schéma traditionnel de la famille se rendant compte au fil d’étranges accidents que quelque chose ne tourne pas rond depuis l’arrivée dans son foyer d’une poupée “Brave Gars”. Un cadeau envoyé par un inconnu dont l’identité, révélée dans le final, fera probablement très plaisir aux fans de la franchise. La famille malchanceuse a cette fois un passif un peu chargé : Nica est une jeune femme en fauteuil roulant et dont la mère vient de mourir dans un accident bizarre. Le climat se dégrade un peu plus quand débarque le reste de sa famille, composée d’une sœur autoritaire, un mari en pleine tentative d’adultère avec la jolie babysitter (mais attention, twist !) et une gamine en bas âge adoptant immédiatement Chucky.
Avec ses quelques flash-back mettant en scène Brad Dourif (la voix de Chucky) en tueur psychopathe avant sa transformation en poupée, le film est clairement destiné aux fans de la première heure qui seront également heureux de retrouver dans la première partie les gimmicks des premiers films suggérant avec parcimonie que la poupée est vivante : déplacements mystérieux aux quatre coins de la maison, plan sur les pieds de la poupée pleine course… Une mise en scène d’abord tout en suggestion insufflant le minimum de tension nécessaire afin que certaines scènes soient un petit peu angoissantes, cela surtout quand la gamine du film tient vraiment à dormir avec cette poupée que le spectateur n’a pas encore vu s’animer. Une fois Chucky en action, son nouveau look et des effets spéciaux quasi-complètement en animatroniques sont souvent bluffants. On pourra par contre trouver que, côté effets horrifiques, l’ensemble est un peu timoré, surtout après un premier meurtre se déroulant lors d’une ellipse et un deuxième résultant d’un empoisonnement, voire complètement cheap et tiré par les cheveux (la mort de la babby-sitteuse).
Les intentions sont donc bonnes et la mise en scène du cadre unique de “vieille bâtisse gothique en pleine nuit orageuse” apporte un cachet certain au film mais il ne faut pas oublier que cette Malédiction de Chucky reste un direct-to-dvd. La mise en scène est parfois un peu molle, le côté “vidéo” un peu trop marqué sur certains plans – surtout lors de scènes avec effets de couleur un peu trop télévisuels – et le film se traîne parfois lors de nombreuses longueurs. Le final, à rallonge, donne également l’impression que le scénariste n’a pas su choisir entre trois fins différentes. On pourra également se demander si rendre Chucky aussi bavard et généreux en humour noir n’est pas un peu dommage compte tenu des efforts déployés en amont pour que la poupée redevienne un peu flippante.
La Malédiction de Chucky est donc réservé à tous les fans de la franchise ainsi que ceux qui n’auraient jamais vu l’un des films précédents. Les autres risquent par contre de trouver le temps un peu long…
Critique par Alex B