Prévu pour une sortie DVD et VOD le 7 mai prochain via Oh My Gore Distribution,” Colin” est le premier film shooté entièrement du point de vue d’un zombie. Les râleurs pourront arguer que “Moi Zombie : Chronique de la Douleur“, également production anglaise bien fauchée, faisait de même alors que non : là où le film de Parkinson suivait la progressive déchéance zombiesque de son personnage, “Colin” zombifie son acteur principal dès les premières minutes.
Très petit budget, l’édition anglaise mettant d’ailleurs en avant le “fait pour 45 £”, comme si cela pouvait pousser quelqu’un à l’achat – “Youpi ! La prod’ n’a payé personne sur le tournage!” – le film suit la promenade d’un jeune mort-vivant dans un Londres post-apocalyptique. Au fil des rues, des attaques successives et de personnages croisés, le spectateur va pouvoir recoller quelques bouts de de la vie humaine de “Colin“.
A la différence de “Warm Bodies” qui sort prochainement et semble marcher sur les même plate-bandes, Marc Price, le réalisateur, ne s’aide pas d’une voix off pour expliciter les présupposées pensées que pourrait avoir son mort-vivant. C’est donc peu dire que “Colin” est minimaliste côté dialogues. A ce titre le petit problème technique du dvd français et ses sous-titres persistants en est d’autant plus dommageable…
La réalisation est parfois dynamique et inventive, multipliant les petite idées pour signifier la déchéance zombiesque du personnage principal et sa déconnexion du monde des humains. On appréciera ainsi ce moment où, enfermé dans une maison, Colin semble dans sa bulle, le visage collé à une vitre, à fixer ce qui lui reste de famille et ne percevant des discussions que quelques échos incompréhensibles.
Côté image, l’étalonnage est parfois un peu trop marqué, des phases plus colorées s’alternant parfois en un plan avec d’autres quasiment en noir et blanc. Mais cette ambiance de contraste colorimétrique extrême participe à l’ambiance crépusculaire de “Colin“. Tout comme la BO, répétant à l’infini ses samples de piano fuyant et dépressif, parfaite pour accompagner cette traversée de la fin du monde.
Le point de vue du zombie est parfois court-circuité par celui d’autres personnages annexes (et quelque peu déconnectés du récit), comme ce groupe d’amis assiégés par les zombies dans leur maison. La séquence du vieux psychopathe collectionnant les zombies aveugles dans la salle, aussi elliptique que confuse, semble également un peu trop déconnectée. Mais on peut comprendre que le réalisateur ait voulu un peu dynamiser son récit via ces trames annexes très généreuses en effets gores plutôt bien mis en scène compte tenu des moyens.
“Colin” plaira donc surtout aux fans du genre “film de zombie” qui sauront passer outre son petit-budget pour profiter, entre deux saillies gores, de cette ambiance d’une tristesse absolue et du point de vue original. Et puis, pour ne rien gâcher, le making-of en bonus est plutôt intéressant et montre bien comment une bande de potes amateurs de films entre deux bières ont dû rivaliser d’imagination pour palier à la contrainte d’un budget très réduit.
Critique par Alex B
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