Prostré dans l’ombre de son illustre géniteur, Lamberto Bava a longtemps été le symbole de la décadence du cinéma de genre italien. Égérie de la ringardise, chevalier du kitsch et de l’inconvenance, le metteur en scène a accouché d’œuvres impulsives, telles que Macabro, Blastfighter : l’Exécuteur, ou le génialissime Apocalypse dans l’océan rouge.
Assistant de Dario Argento sur Inferno et sur Ténèbres, il entreprit – avec le soutien d’il Maestro à la production – la réalisation de Démons (Dèmoni), qui obtiendra un succès notable lors de sa sortie en 1985.
Huis-clos horrifique, Démons narre l’histoire d’individus insouciants, invités à la projection du film de réouverture d’un cinéma baroque : le Metropol. Dans le hall d’entrée, une des futures spectatrices s’écorche la joue en essayant un masque ayant servi au tournage. Alors que la séance suit son cours, la jeune fille sent sa blessure se distendre, se boursoufler, avant de disparaître sous un magma purulent…
La nymphette finira par se transformer en créature démonique, à l’instar des personnages de l’œuvre projetée. Avide de sang, elle attaquera les autres spectateurs, qui découvriront que toutes les issues du Metropol ont été condamnées…
Subséquent à l’âge d’or du cinéma bis transalpin, Dèmoni mise sur l’authenticité du divertissement qu’il propose. Lamberto Bava met rapidement en place les axes d’un script épuré pour livrer un spectacle aussi jubilatoire que sanglant.
Égarés au milieu d’une multitude de références visuelles, des protagonistes à la psychologie rudimentaire luttent pour leur survie. Autour d’eux, les meurtres s’enchaînent, révélant toute l’inventivité des effets spéciaux fascinants – bien que délicieusement révulsifs – de Sergio Stivaletti.
Rythmées par une bande-originale on ne peut plus 80’s (Accept, Billy Idol, Mötley Crüe…) et un thème composé par le claviériste des Goblin, Claudio Simonetti, les scènes de carnage se succèdent, articulées par un montage tantôt saisissant, tantôt perclus de faux raccords.
Malgré le crétinisme abscons de son propos, Dèmoni jouit d’une mise en scène parfois virtuose, où la maîtrise du cadrage et le soin porté à l’image (dans la droite lignée des films de Dario Argento et de Mario Bava) côtoient les fautes de goût les plus outrancières. Typique de cette période, la direction des acteurs est quant à elle démesurément mauvaise, mais rendue supportable par la transformation des 3/4 des comédiens en créatures abruties par le chaos…
Entre des séquences qui frôlent la pantalonnade nanardesque, l’oeuvre connait également de rares instants de grâce, parmi lesquelles une mise en abyme ingénieuse et parfaitement synchronisée, assez inhabituelle pour l’époque.
Si le scénario de Démons est plus prétexte à une déferlante orgiaque de gore qu’autre chose, il convient de pardonner ce défaut pour apprécier toute l’absurdité d’un film hautement réjouissant, même s’il ne fait jamais vraiment peur. Entre élégance et jobarderie, Lamberto Bava livre (avec des intentions aussi pures que racoleuses) un film perdu entre deux époques. En ressort une oeuvre décomplexée, dans laquelle une luxuriance d’énucléations, d’éviscérations, et d’autres témoignages de la fragilité du corps humain feront votre joie – pour peu que vous y soyez sensible – sans faute de rythme.
Et ça, c’est beau.
vu à l’époque en vhs, démons m’avait beaucoup déçu ainsi que démons 2. lamberto bava n’arrivera jamais par la suite à imposer son style comme ce fût le cas de son illustre père monsieur mario bava. note : 0,5/5
vu en vhs à l’époque, démons m’avait beaucoup déçu croyant que lamberto bava était aussi talentueux que son père. la maison de la terreur et démons 2 confirmèrent par la suite mon opinion. note : 1/5