Désaxé est un petit film anglais explorant les subtilités des rapports entre crise financière et fragilisation de la cellule familiale : après s’être fait virer comme un malpropre de son boulot de col blanc brassant des millions dans l’une des tours de la city, Kurt Wendel se venge de cette infamie sur sa femme et ses deux enfants. Les motifs ? Sa femme serait un peu trop proche de son ex-boss, son fils un peu trop poule mouillée et sa fille semble en permanence habillée pour une cuite en club. Feintant de les emmener pour une journée paisible dans la bucolique campagne anglaise, là où personne ne vous entend crier, le patriarche va en profiter pour perfectionner son coup de hache.
Première déception : alors que la jaquette laissait penser que le bon vieux Kurt allait finir par venger tant d’années d’aliénation au libéralisme financier, l’action se cantonne à une famille malmenée par le patriarche dans une baraque perdue entre un bois et une colline. On s’attendait à une comédie horrifique sur les coulisses de l’échiquier financier mondial, une version bis du Chute Libre de Schumacher, un American Psycho au Pôle Emploi, et non… Peu ambitieux et à court d’idées, Ryan Lee Driscoll escamote tous ces aspects, n’en gardant que le vernis aguicheur. Le réalisateur livre un thriller familial horrifique très lambda, se muant en basique slasher dans son final, une fois le père transformé en Jason Vorhees en costume trois-pièces, disparaissant et apparaissant comme bon lui semble.
Désaxé a tout du petit budget porté par un réalisateur/scénariste peu inspiré. L’histoire est bardée d’incohérences et de grosses ficelles : la famille a ainsi régulièrement l’occasion d’en finir avec le père – qui ne se prive pas pour trépaner tout ce qui bouge – mais préfère lui redonner une chance ou, pire, ne pas l’achever… On pourra se lasser aussi d’un scénario redondant, d’une intrigue sans réelle progression (la partie slasher est presque un aveu d’échec) et portée par des acteurs au jeu oscillant entre le moyen et le très mauvais. Côté mise en scène, entre une photo générale assez moche et des tics de réalisations bien cheap censés illustrer la folie ambiante, seul le final forestier et son côté vintage (involontaire) sauve un peu la mise.
Pas assez fun pour se transformer en popcorn movie sanglant sur fond de crise financière, trop plat et aux rebondissements trop attendus pour impliquer le spectateur dans son intrigue bancale, Désaxé est donc un direct-to-dvd sans grand intérêt, n’exploitant que superficiellement son postulat de satire sociale.
News par Alex B
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