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Détention

Affiche du film "Détention"

© 2011 − Tous droits réservés.

Riley est une adolescente paumée et bien relou. Au point que même sa tentative de suicide emmerde le scénariste qui l’expédie en trois secondes, comme une banalité de la vie adolescente à ranger au côté du shopping compulsif et des crises de boulimie. Elle est quand même le personnage principal de Detention. Un film qui va tenter de passer tes neurones au shaker en oscillant entre slasher sous perfusion torture-porn parodique, film de science-fiction jouant à Retour vers le Futur – avec un soupçon de Doctor Who pour le côté loufoque – et teen movie MTV pour ado crétin (du genre “ta soeur elle suce un ours”, sérieux).

Conclusion sanglante d’une introduction qui donne direct le ton

La vision de Detention pâtit un peu de sa flatteuse réputation le précédant, en faisant le nouveau Donnie Darko ou, pire encore, le Breakfast Club du nouveau millénaire. Des références ultra-cultes et prometteuses, désintégrées au bout de deux minutes de films suintant la surenchère d’un pseudo style hérité « d’internet » : teens improbables et égocentriques,  forcément détestables au point qu’on croirait assister à une propagande anti-jeunes, dialogues ineptes pauvrement justifiés par les « problèmes de communication chez l’adolescent », caméra survoltée et rythme à 100 à l’heure pour survoler le vide d’histoire, de trame, de construction et d’émotion.  C’est simple : Detention sonne exactement comme si un quarantenaire un peu largué avait découvert le skyblog (ou le tumblr) de ta petite sœur (celle qui parle trop le SWAG), pris un énorme rail de cocaïne coupé au speed, et était parti réaliser le film de cette génération tout en restant complètement à côté de la plaque.

Si seulement…

Evidemment, on imagine certains mag’ et critiques tellement heureux de se jeter sur un peu de « post-modernité », aussi grossière qu’elle puisse être, au sein d’une production de genre il est vrai quand même globalement bien formatée. Ou comment Joseph Kahn, réalisateur de Torque et d’une flopée de clips pour Britney et consorts, est devenu un auteur alternatif. What ze fuck ? Car, à l’opposé par exemple d’un Araki qui s’était également frotté à l’exercice de l’apocalypse adolescente dans The Doom Generation ou Nowhere, des œuvres viscérales, sensuelles et hors normes, Joseph Kahn ne fait que du teasing. Ses teenagers restent finalement très propres sur eux et le film ne les laisse jamais dépasser le stade de simple poupée formatée. Comme si Mattel avait sponsorisé un film gore à l’écriture azimutée et bardée de paradoxes temporels.

Sportif, émo, geek, blonde, moche… A chacun sa tribu ! (Sur un air de pub SFR)

Et pourtant, tout n’est évidemment pas à jeter dans Detention. Maquillé en bête de festival, il reste un divertissement honorable, aidé en cela par son montage au taquet, des idées de réalisations souvent jubilatoires et une direction artistique décomplexée quand il s’agit par exemple de recréer les années 90, cela de manière jouissive et comique. Le film se rattrape aussi via des scènes gores réussies, un rapide remake de La Mouche (totalement gratos) et quelques idées originales et bien montées comme cette mise en abime du genre une fois nos personnages réunis pour regarder les épisodes précédents du slasher dont ils sont maintenant les victimes.

Un boogey man à l’esthétique soignée mais finalement très peu exploitée…

Mais au détour d’une bonne idée, la frustration guette… Joseph Kahn applique à son film un traitement bien superficiel. Une fois gratté le rutillant vernis de référence – allant de Roadhouse à Breakfast Club – il ne reste pas grand-chose. L’aspect slasher, pourtant habité par un boogey-man visuellement très réussi, décevra également les fans du genre, le tueur dessoudant en coup de vent ses victimes. Comme si le réalisateur se lassait immédiatement de ses joujous une fois portés à l’écran.

Detention est donc un bien beau bordel cinématographique. Sympathique mais trop superficiel, frustrant et empli de maladresses pour être vraiment attachant. Et puis, ne crois pas le marketing : à moins d’être sous Lexomil, une seule vision suffit pour tout saisir.

Critique par Alex B


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