Après un remake plutôt réussi de Evil Dead sorti en 2013, Fede Alvarez revient avec son second film qui surfe délicieusement avec les codes du thriller. Pour son second métrage, le réalisateur montre une maîtrise hors du commun à la fois sur une dimension formelle mais aussi sur le fond : le film est aussi remarquablement écrit.
Avec une histoire des plus basiques, une intrigue sans digressions et un décor minimaliste, Fede Alvarez joue à merveille avec les codes de l’horreur à l’ancienne, laissant les personnages faire le reste. Au fur et à mesure de l’histoire, les bourreaux, les victimes, tout devient vite flou dans l’enfer de cette maison dont on se retrouve aussi prisonniers.
Car malgré une histoire des plus simples, le film aurait pu rapidement tomber dans le répétitif. Mais ce n’est pas le cas. Pour cela, il faut louer le travail de Fede Alvarez et de son co-scénariste qui parviennent à garder une crédibilité au fil du scénario sur toute la longueur du film.
Les faits se déroulent à Détroit, une ville encore et toujours en crise : l’ancienne capitale de l’industrie automobile américaine offre un décor parfait pour un affrontement entre un vétéran et des jeunes arrivistes. Comme dans It Follows, Don’t Breathe se perd dans les friches de cette cité oubliée des US, dont certains quartiers ressemblent désormais à des déserts, avec des centaines de maisons délabrées. Le script exploite parfaitement cet environnement : les 3 jeunes protagonistes veulent absolument cet endroit pour recommencer une nouvelle vie en Californie. Des jeunes sans boulot et sans aucune perspective, lancés dans une série de cambriolages peu audacieux.
Sur toute sa longueur, le film se démarque frontalement de la grande majorité des productions du genre sorties ces dernières années. Car Don’t Breathe ne cherche pas l’originalité mais l’efficacité. Il s’agit tout simplement d’un jeu du chat et de la souris où les rôles finissent par s’inverser. La maison se transforme alors en labyrinthe et on se prend délicieusement au jeu. Et c’est ce qui fonctionne parfaitement : cet aspect vraiment divertissant.
Le travail sur le son est également très bien rendu : le protagoniste étant aveugle, la musique et les bruits sont d’autant plus important. Des effets sonores très travaillés, avec un jeu plutôt intéressant sur la dynamique sonore du film. Notamment lorsqu’on adopte le point de vue de l’handicapé dans des scènes où le son est un peu sur-mixé et confus, ce qui est parfaitement justifié par sa perception sonore très sensible. A l’inverse, d’autres scènes sont presque privée de son, ce qui, dans une salle de cinéma est assez oppressant.
Parvenant à garder jusqu’au bout le suspense dans ce jeu de cache-cache malsain, Don’t Breathe est une véritable surprise. Assez loin du film d’horreur, il s’agit d’un survival très réaliste et assez classique mais tellement maîtrisé qu’il en devient presque jouissif dans sa mise en oeuvre. Un film très malin.