« Sleep Tight », un film espagnol de 2011 réalisé par Jaume Balaguero, a bouleversé le public lors de sa sortie par son réalisme désarmant. Nous suivions alors César, joué par l’excellent Luis Tosar, qui s’infiltrait secrètement dans l’appartement d’une locataire dans l’immeuble dans lequel il était concierge. Cette année, « Door Lock », son remake de la Corée du sud, a été dévoilé lors de sa première nord-américaine au festival Fantasia.
La version originale du film nous donnait la vision de l’auteur des crimes, démontrant le côté sociopathe de César qui ne torture pas sa victime que physiquement, mais qui la manipule, la souille et va jusqu’à saboter plusieurs de ses objets personnels. Il manipule la locataire afin qu’elle soit sous son emprise, sans qu’elle en soit consciente, alors que le spectateur n’est qu’un témoin sans voix. « Door Lock », pour sa part, démontre le point de vue de la victime : la ré-imagination de l’histoire devient alors un classique « qui est le tueur? ». Typiquement, le scénario nous guide alors sur de fausses pistes, nous forçant à nous questionner et à nous remettre en doute constamment sur l’identité du criminel sadique.
« Door Lock » prend une tournure très différente du film original, ce qui est une bonne chose, tout en gardant la même ligne directrice qui crée tout autant de suspense et de frayeur. Il y a beaucoup plus de victimes alors que la violence, la brutalité et même le gore sont présents de façon impressionnante et choquante. La réalisation de Kwon Lee créée énormément d’angoisse, tout en étant mixée à une trame sonore qui ne fait qu’élever le niveau de stress. L’actrice Kyong Hyo-Jin fait un travail admirable dans son incarnation de la protagoniste. On est constamment en doute de savoir si sa naïveté sera sa faiblesse ultime face à son harceleur ou si elle arrivera se défendre.
« Door Lock » présente toute de même son lot de faiblesses et de stéréotypes mal venus. Il y a parfois quelques réactions douteuses et frustrantes des personnages à travers le scénario qui nous forcent à crier : « Mais pourquoi?! ». De plus, la fin du film est beaucoup moins intéressante que le rebondissement complètement inattendu de l’acte final de la version espagnole.
Pour ceux qui ont vu l’original « Sleep Tight », on ne peut s’empêcher que de comparer les deux films sous tous leurs aspects : la réalisation, le scénario, les acteurs… Toutefois, même en aimant la version de 2011, on ne peut nier que « Door Lock » est une adaptation coréenne respectable qui vaut le coup d’œil.
Par Simon Rother