Sorti au mois d’Août 2008 et passé presque inaperçu, Dorothy est sorti début Février en Dvd, permettant au plus grand monde de découvrir ce petit film. ” Le film le plus effrayant depuis L’Exorciste” avait-on écrit sur les affiches placardées dans Paris ; une comparaison un peu forte, parce que, pour la peur, il faudra repasser. Néanmoins, on passe un bon moment.
Agnès Merlet, réalisatrice française, prend ici les rennes de son troisième film en quatorze ans ; après un film historique, elle revient en s’attaquant au fantastique. Un fantastique particulier ou aucun effet spécial n’est utilisé. Elle s’amuse dans ce métrage à détourner les codes, transformant ainsi le film en un thriller psychologique avec une dose de surnaturel. Le fantastique émane en réalité de l’ambiance froide et tellement réaliste de cette société étrange aux principes sectaires qui dicte ses propres règles et qui se complaît dans son isolation. Les personnages sont étranges et charismatiques, tout comme l’est Dorothy. Jenn Muray, la jeune actrice dont c’est le premier rôle au cinéma s’en sort avec les honneurs, elle s’avère autant crédible en gamine de trois ans qu’en loubard adolescent, ce qui lui permet de rejoindre le panthéon des plus terrifiants enfants possédés du cinéma. Son physique hors du commun contribue également à l’angoisse, et la première scène où on l’apperçoit est tout simplement terrifiante. La psychiatre interpretée par Carice Van Houten est un parfait pôle d’identification, alliant la grâce et la sensibilité tout au long du métrage.
Abordant le thème déjà vu de la possession, Dorothy s’en sort avec les honneurs, grâce à son approche particulière et très personnelle. Le tournage en Irlande n’est sans doute pas étranger à cette ambiance froide et colorée si bien rendue. Au final , le film nous entraîne dans les méandres d’un thriller psychologique qui suggère pour mieux inquiéter mais qui ne terrifie pas. Le rythme est tranquille, l’environnement terrifiant. Entre réalité, rêve et folie, Agnés Merlet mène à bien son scénario.
Après, il faut savoir se laisser hypnotiser par ce film hors du temps au rythme parfois inégal. Car, à travers cette histoire, la cinéaste trace le portrait d’un lieu rongé par la culpabilité et le mutisme, embarrassée de ses morts décrits comme hostiles. Avec un talent paradoxal, elle plante du fantastique dans le quotidien le plus contemporain.