Prix Ciné + Frissons du PIFFF 2015, Evolution signe le grand retour de Lucile Hadzihalilovic après dix ans d’absence et un long-métrage, Innocence (2005 donc) dont il semble être le pendant, en ce sens qu’il met en scène de jeunes garçons quand le précédent film s’intéressait aux fillettes.
Sur un mode onirique, la réalisatrice tisse un univers à l’ambiance singulière. Evocation de l’ultra-célèbre tableau La Naissance de Vénus du grand peintre Botticelli, par la présence de l’eau autant que par la rousseur et la peau diaphane des héroïnes (incarnées par Marie-Julie Parmentier et Roxane Duran, minimalistes), l’œuvre d’Hadzihalilovic est angoissante et énigmatique.
Le mystère d’Evolution tient en partie au silence qui habite cet espace-temps indéterminé, outre-humain. On voyage vers une civilisation très lointaine et disparue, jusqu’à la sensation prégnante d’un rêve éveillé. Opaques, les personnages taiseux et leurs rituels révèleront lentement leurs secrets au fil des interrogations existentielles, inquiètes, de l’enfant-héros (le jeune Max Brebant, convaincant). Le charme opère, nous autres spectateurs sommes envoûtés…
Les premières images, sous-marines et magnifiques, donnent le ton : les éléments aquatiques omniprésents et récurrents, comme l’étoile de mer, construiront les mythologies visuelle et thématiques de cet univers feutré. Le film, tourné à Lanzarote dans les îles Canaries, donne à voir des paysages marins et terrestres étonnants, sublimés par la très belle photographie du film qui les rend quasi irréels ou surréels. A la fois lumineux et sombres.
Parfaitement pensé et développé, d’une rigueur remarquable, l’univers monstrueux crée par Lucile Hadzihalilovic existe vraiment. Evolution est ascétique, totalement sous le contrôle de sa réalisatrice, peut-être trop. Avec plus de liberté et de naturel dans la mise en scène, le film, sans doute plus ample et puissant, aurait été sublime.
Sortie en salles prévue le 16 mars 2016.
Critique par Marie T.