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FleshEater

Affiche du film "FleshEater"

© 1988 H&G Films Ltd. − Tous droits réservés.

Un groupe de jeunes part faire du camping dans les bois, le soir d’Halloween. Malheureusement pour eux, le FleshEater vient tout juste d’être sorti de son sommeil éternel et va les prendre en chasse pour les exterminer jusqu’au dernier…

Et en avant pour la critique de l’un des pires films de zombies de tous les temps ! Attention les yeux, c’est du lourd ! Non content d’être le premier zombie mangeur de chair porté à l’écran en 1968 dans Night Of The Living Dead, S. William Hinzman décide vingt ans plus tard de créer son propre film de morts-vivants (ben ouais, y a pas de raison !), qui n’est en réalité ni plus ni moins qu’un honteux plagiat de l’œuvre de George A. Romero. Désireux de s’ériger en tant que digne suite de Night Of The Living Dead, FleshEater n’aura de cesse de vouloir s’incruster au sein de la saga de ce pauvre George en multipliant les faux liens avec le premier volet (déjà par l’intermédiaire de son sous-titre : Revenge Of The Living Dead). Ces efforts pathétiques le conduisent donc à produire une daube infâme et désespérément creuse qui se présente comme une sorte de préquelle foireuse ou de pseudo-suite (on ne sait pas trop) faisant office de véritable torture mentale pour tout spectateur équilibré (non masochiste, j’entends).


Vous me reconnaissez ? … Non ? C’est pas grave…

Le néant qui se dégage de cette monumentale atrocité cinématographique est donc une authentique souffrance psychologique qui provient autant du fait que l’on ait l’impression d’assister à un mauvais film amateur tourné avec les moyens du bord (genre Camp Blood mais en moins drôle) que de la désagréable sensation d’être pris pour des cons du début à la fin du film. En effet, comme il ne se passe absolument RIEN au niveau de l’histoire, ce bon vieux Hinzman n’a rien trouvé de mieux que d’introduire de nouveaux personnages indéfiniment pour ensuite les faire mourir deux minutes après, et ce dans le but d’espérer combler un peu le vide incommensurable d’un scénario merdique qui peut tenir à l’aise sur une seule page. Au programme : des dialogues transcendants (« J’aime bien ton costume… ») ; de l’action à revendre (« Tu vas me chercher du bois ? ») ; des scènes gore à la limite de l’insoutenable (les gros plans répugnants sur deux personnages étonnamment moches qui s’embrassent comme des machines à laver) ; des zombies ultra-forts à la gueule recouverte de steacks hachés qui toquent aux portes et tendent des embuscades dans le noir ; du sexe hot (pourquoi elle se fout à poil, là ?) ; bref, tout ce qui fait la recette parfaite d’une bonne petite série Z bien à chier.


Tout va bien, le quota de filles à poil est respecté…

Mise à part la profusion hallucinante d’incohérences scénaristiques, un truc trop drôle est de voir brusquement les personnages se barricader, sous pression extrême, glissant vers une folie certaine, alors même qu’il n’y a absolument AUCUNE menace à l’extérieur… Trop fort ce Hinzman. Mais à la surprise amusée du début se succède bien vite une exaspération incontrôlable que la musique du film va venir exacerber de par son omniprésence ininterrompue tout au long du film. S’il est possible que vous trouviez la bande-son plutôt plaisante au début du générique, soyez sûrs et certains qu’au bout de vingt minutes elle vous fera pisser du sang par les oreilles. De raccourcis scénaristiques aberrants en scènes de nu incompréhensibles, FleshEater nous balance fièrement sa théorie personnelle de l’apparition des morts-vivants mis en exergue dans Night Of The Living Dead. Oui, parce que, vous comprenez, la « vérité vraie », ce que Romero n’a jamais dit et que Hinzman, lui, connait sur le bout des doigts, c’est que le premier zombie au monde a en réalité été sorti de sa tombe satanique creusée dix centimètres sous terre et recouverte d’un fin tapis automnal de feuilles mortes, et que c’est pour ça qu’il est venu se venger en mangeant tout le monde. Cette séquence magique s’accompagne d’un regard-caméra de Hinzman (qui tient donc le rôle de ce zombie en costard commun aux deux films) qui semble vouloir dire : « Ah Ah ! Vous vous souvenez bien sûr du zombie qui surgit du cimetière et attaque Barbara et Johnny dans Night Of The Living Dead ? Ben c’était moi ! ». Oui, oui, on t’avait reconnu, Hinzman, et ce sera malheureusement difficile d’oublier le visage du créateur d’une bouse pareille…


Ah ah, j’ai enfin droit à mon heure de gloire !

Techniquement parlant, FleshEater fait peine à voir, surtout ses transitions ignobles effectuées toutes les cinq minutes à grands coups de fondus au noir insupportables et dont chaque scène qui suit n’apporte strictement rien de plus que la première. Sans parler des poursuites à deux à l’heure et des subterfuges risibles pour pallier à un flagrant manque de moyens (chaque zombie venant de mordre se retrouve ainsi avec un morceau de chair entre les dents, pour bien nous faire comprendre que c’est un zombie, et que donc, par conséquent, il mange les vivants), ou encore du choix très pertinent de donner à voir des meurtres d’enfants faussement dramatiques mais réellement pathétiques pour démontrer qu’il s’agit bel et bien d’un film d’horreur, au cas où cela ne nous serait pas encore apparu très clairement… C’est clair, ce film est une horreur, une erreur même, et qui n’aurait certainement jamais dû voir le jour. Les acteurs atteignent des sommets d’inexpressivité (« Oh là là, ma fille est morte… ») tandis que les zombies adoptent une curieuse démarche de sumo (véridique !), le tout agrémenté de quelques rares scènes d’action hyper-mal faites et d’une mollesse qui a quelque chose d’hypnotique (je veux dire par là qu’elles nous plongeraient presque dans un état second… de catatonie).


Le camping, c’est super cool.

Mais parlons à présent un peu de ce plagiat… S’agit-il réellement de transposition identique de scènes devenues cultes pour compenser un terrible manque d’imagination ? Mesdames et messieurs, la réponse est OUI, c’est exactement ça ! Et le pire, c’est qu’il n’y en a pas qu’une, de scène volée, mais un bon paquet… En plus de celle que j’ai déjà abordée un peu plus haut, où les personnages, en proie à la plus débile et injustifiée des paniques de l’histoire du cinéma, se barricadent dans une grange pourrie pour se protéger contre le vide ; nous pouvons également citer la scène de fin, dans laquelle des rednecks impitoyables organisent une grande battue aux morts-vivants pour flinguer du gibier humain tout en s’amusant. Même interview d’un flic qui explique la situation à des journalistes, même idée directrice développée au travers des ces chasseurs sadiques, la fin de FleshEater, en plus de durer trois plombes, exhibe son forfait sans vergogne. Et, le fin du fin, le must du film, c’est la mort de ses deux personnages « principaux » (s’il y en a). Là, je crois qu’on peut dire qu’on touche vraiment le fond… Pressentie à des kilomètres par une effusion surchargée de pathos à vous faire vomir, la mort du couple de jeunes est absolument identique à la mort de Ben dans Night Of The Living Dead. C’est cool, parce qu’on le voyait pas du tout venir, en plus… Comme par hasard, les personnages décident justement de sortir de leur cachette quand les chasseurs font le ménage et, comme par hasard encore, ils se font tuer d’une balle en pleine tête parce qu’ils ont été confondus avec des zombies ; oh là là, que de coïncidences, c’est fou la vie, quand même… Bref. Voilà, quoi. Tout ça pour dire que ce film n’est qu’une merde prétentieuse.


Je vous l’ai dit : la star du film, c’est MOI !

FleshEater fait donc partie des PIRES films voulant s’approprier un peu de l’aura de Night Of The Living Dead, mais aussi et plus généralement de la production cinématographique toute entière en matière de zombie. Orgueilleux, ennuyeux, consternant et chapardeur, ce film est à placer au fin fond des oubliettes des films les plus inutiles du siècle passé. A éviter par tous les moyens !

Par Emmanuelle Ignacchiti

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