28 ans plus tard, un univers des plus reconnaissables, une renommée mondiale et une carrière haute en couleurs, Tim Burton revient à ses sources et fouille dans son propre passé pour adapter au grand écran son célèbre court-métrage de 1984 : Frankenweenie.
Contrairement aux prises de vue réelles de 1984, Burton choisis la stop-motion (technique chère à son cœur) pour remettre à neuf l’une de ses premières créations. Grand amateur d’art fantastique, Burton adapte librement l’histoire du célèbre monstre de Mary Shelley et en profite pour rendre hommage aux productions de la Hammer qui l’ont inspiré durant toute sa carrière. Les nombreux clins d’œil et easter eggs raviront les plus fervents connaisseurs de l’horreur au cinéma. Très proche des Noces Funèbres, Frankenweenie s’attaque explicitement à thèmes costaud : l’équilibre entre la vie et de la mort est subtilement mis à mal sur un ton léger, drôle et très adapté au jeune public.
Les principales thématiques développées dans cette production sont les mêmes que dans le roman de Shelley : les limites de la science, le respect de la vie et la douleur du deuil. Un film profond qui peut avoir une portée pédagogique très efficace auprès des jeunes enfants. Ces thèmes puissants sont très bien emballés dans un décor gotico-pate-à-modeler habités de personnages caricaturés bourrés d’humour. On est donc bien dans l’univers propre à Burton. Un univers efficace, plaisant pour toute la famille mais déjà vu depuis maintenant plusieurs années. Frankenweenie est bien orchestré, d’une très bonne qualité globale et sans fausse note apparente.
Mais Burton n’en est plus à son coup d’essai et on se rend vite compte que le cinéaste est :resté bien au chaud dans sa zone de confort : choix marketing ou créativité essoufflée ? Difficile à dire. Il n’empêche que Frankenweenie n’innove pas, malgré ce ton semi-horrifique, Burton ne surprend plus, là où il avait l’occasion de frapper fort, il se contente d’une simple pichenette. Le film reste une initiation au style horrifique intéressante pour les enfants mais ce manque de prise de risque en fait une œuvre bien loin du charme des productions de genre de qualité.
Le point fort de Frankenweenie est qu’il peut être proposé à tous âges contrairement à son prédécesseur “Les Noces Funèbres” qui demande une plus grande maturité pour être appréciée. Danny Elfman toujours aux commandes de la musique. C’est très bon mais pas fantastique, on l’a connu, lui aussi, bien plus inspiré. La meilleure raison de voir (ou revoir) Frankenweenie est : ses personnages, bien que “simples” pour l’univers burtonien ; ils sont tous très touchants et hilarants. Toute la créativité du film se sublime à travers ces petits bonhommes difformes si amusants. Plus proche d’un théâtre de marionnettes joliment ficelé que d’un film d’horreur, Frankenweenie est très sympa, d’une belle qualité globale mais, à l’instar du petit Sparky, aurait besoin d’un petit souffle de vie.
Joanny COMBEY