Suite directe du troisième épisode, « A Nightmare on Elm Street 4: The Dream Master » (renommé chez nous « Le cauchemar de Freddy ») a été le plus gros succès de la saga du griffu au box-office. Il a même permit à son réalisateur Renny Harlin d’enchainer sur « 58 minutes pour vivre » avant de consacrer sa carrière à d’autres fleurons bourrins du 7ème d’art tels que « Cliffhanger » ou « Peur Bleue ». Ce nouvel épisode apparaît aussi comme le début d’une longue fin pour un croquemitaine au potentiel rarement égalé mais sacrifié le long de films pop-corn vides de scénario et à la direction artistique inexistante voire ratée dans ses grandes largeurs.
Le début de ce Freddy 4 permet de retrouver les trois « dream warriors » rescapés du troisième épisode et tout juste sortis de leur asile psychiatrique. Leur rentrée des classes va bien sûr être bouleversée par une nouvelle série de meurtres. Freddy est de retour après une scène de rêve mémorable où le chien de l’un des personnages vient uriner des flammes sur la tombe de Krugger (une méthode efficace pour faire évaporer l’eau bénite). Une idée loufoque qui annonce le niveau de l’histoire, oscillant entre jemenfoustisme total et conséquences des ravages de la cocaïne sur l’Hollywood des années 80.
« Le Cauchemar de Freddy » joue à fond la carte du burlesque amorcé dès le troisième épisode. Les fans de cette nouvelle ère bien éloignée du premier film veulent des meurtres inventifs, un boogey man généreux en punchlines foireuses – Robert Englund s’en donne à coeur joie dans le cabotinage – et le tout monté à 100 à l’heure. Et il est vrai que Freddy Kruger ne perd pas son temps, exterminant en 15 minutes les trois rescapés de l’épisode précédent pour se consacrer ensuite à une nouvelle bande de jeunes tous aussi plats les uns que les autres.
Le scénario s’essaye quand même à creuser un peu plus la personnalité d’Alice, le personnage principal, qui va passer de fausse moche timide à nouvelle guerrière des rêves complètement bad-ass. Une évolution symbolisée par des scènes où Alice enlève une à une les photos de ses amis couvrant son miroir pour découvrir peu à peu son propre reflet. Alice a besoin de voir tout ses proches massacré dans leurs rêves par un pervers psychopathe pour s’assumer un minimum, on passera sur l’absurdité du message. Cette maturité culmine dans une scène au comique involontaire et montant Alice maitrisant soudainement l’art ancestral du nunchaku, cela en filmant de dos un cascadeur portant une perruque plutôt cheap. Le concept de « Maitre des Rêves » est introduit au milieu du film de façon très peu subtil : c’est comme par hasard le thème abordé par le prof le jour du retour de Freddy. Cette leçon bien didactique ne te fera pas comprendre pour autant ce qui arrive à Krueger à la fin du film.
Mais ce nouvel épisode reste malgré tout agréable à regarder. Cela en grande partie grâce à son rythme rapide et le budget FX très généreux pour l’époque (le poste scénario n’ayant pas trop été onéreux, le cours de la drogue était alors assez bas). Les séquences de meurtres sont originales, et Freddy va même jusqu’à transformer une jeune sportive en insecte avant de l’écraser dans un piège à mouche. Pourquoi ? Là aussi le scénario tente de justifier les délires des scénaristes en plaçant une scène en début de film montrant la jeune femme écrasant un cafard trouvé dans son paquet de chips (!!!). Le final donne aussi lieu à des effets bien fun et tout droit sorti d’un délire organique de mangas bien déviant.
Et puis comment dire non à un Freddy dégustant une pizza où les petites têtes vivantes de ses victimes remplacent les boulettes de viandes? Voir aussi une tête à claque fan de Karaté Kid et amateur de pensée new age se faire étriper dans un décor asiatisant tout juste digne d’un soft porn M6 est assez fun. Il est assez marrant de voir que, en dépit de tout ses effets, quasiment aucune goutte de sang n’est versée dans cela même si une victime se fait arracher les deux bras, cela probablement pour ne pas trop déranger les spectateurs en quête de divertissement popcorn bien confortable.
Ce Freddy 4 peut finalement se voir comme un décalque sympa mais moins réussi du troisième épisode. Dénué de toute tension, cet épisode perd aussi Patricia Arquette (ici remplacée par la transparente Tuesday Knight, c’est son vrai nom) ainsi que la Nancy original pour mettre en scène des acteurs de seconde zone tout juste digne d’un sitcom AB production. Niveau direction artistique, le film paraîtra forcément ultra-daté (comme tous les films cherchant trop à coller aux modes de leur époque) ce qui pourra constituer pour certains un charme kitsch supplémentaire porté par une BO oscillant entre rock FM tonitruant et rap bien old school.
Par Alex B