Charlie Brewster est au top : élève de terminale parmi les plus populaires, il sort en plus avec la plus jolie fille du lycée. Il est tellement cool qu’il méprise même son meilleur pote, Ed. Mais les problèmes vont arriver avec son nouveau voisin, Jerry. Sous les dehors d’un homme charmant, il y a chez lui quelque chose qui cloche. À part Charlie, personne ne s’en rend compte, et surtout pas sa mère. Après l’avoir observé, Charlie en vient à l’inévitable conclusion que son voisin est un vampire qui s’attaque à leur quartier… Bien sûr, personne ne croit le jeune homme, qui se retrouve seul pour découvrir d’urgence un moyen de se débarrasser du monstre…
Incontestablement, la vague Twilight aura fait des dégâts dans le 7ème art. Non content de pourrir la mythologie vampirique des 200 dernières années auprès du grand public, la saga pour adolescents aura aussi influencé les scénaristes et réalisateurs ultérieurs, trop contents de trouver une nouvelle mine d’or à exploiter. Dernièrement, on a donc vu naître des films destinés à ce jeune public cherchant des (petits) frissons, un tout petit peu de sang mais surtout de grands sentiments à l’image de ce débile d’Edward Cullen.
Le Chaperon rouge, Numéro 4, Jennifer’s Body sont autant de métrages pouvant presque être estampillés MTV tant leurs modes de fabrication sont similaires. Derrière cette nouvelle déferlante, des studios sans foi ni loi prêts à tout pour faire vivre le bébé assez longtemps pour encaisser un maximum de dollars.
Le remake de Fright Night en est malheureusement un des avatars puisque, produit par la firme Disney , il livre un véritable travail (si on peut appeler ça comme ça) de ruine de tout aspect créatif et cinématographique du film original. Sorti en 1985, le film de Tom Holland avait marqué les esprits en installant une ambiance lugubre associée à des éléments comiques ne remettant pas en question le sérieux du film en lui-même. Le voisin vampire, interprété par le très charismatique Chris Sarandon transcendait alors le film de son regard magnétique et de son sex-appeal irresisitible.
Dès le début du remake, on reste pantois devant le personnage principal, Charly Brewster qui est devenu un petit con au charisme de moule préoccupé par sa popularité. Pas une once de passion, ni dans l’interprétation, ni dans le personnage en lui même qui n’arrive jamais à passer au delà du gamin lambda de 17 ans, dont on se contrefout du sort. C’est bien simple, TOUT le film est devenu aseptisé et sans saveur, à l’image du personnage de Jerry le vampire interprété par un Colin Farrel en petite forme : il est certes sexy et généreux en regards langoureux mais cela ne suffit pas, il reste aussi creux et vide d’intérêt que les autres personnages, n’incarnant que rarement le danger qu’on essaie de nous faire ressentir.
Ed le meilleur ami de Charly est aussi l’un des personnages les plus bâclés par ce remake : relégé au rang du geek de service, son sort et la manière dont il intervient dans le récit sont traités comme si les créateurs se foutaient complètement de cette relation pourtant importante entre les deux garçons.
La première heure est vide de sens, cela rend les évènements auxquels on assiste parfois ridicules car construits sans aucune finesse scénaristique. La scène de la boite de nuit a été insérée juste pour le plaisir du clin d’oeil, rendant le spectateur cinéphile nostalgique de la scène de 1985, manifestant à merveille l’attraction incontrôlable que le vampire exerce sur sa victime. D’ailleurs, cet aspect pourtant central est complètement absent du remake, reléguant le vampire à un beau gosse qui fait froncer des sourcils. Peter Vincent (interprété par David Tennant ) a lui aussi beaucoup changé : alors qu’il était un présentateur télé de la cinquantaine, il est transformé en un showman de Las Vegas au look gothique. Mais l’acteur anglais a suffisamment de charisme pour donner au chasseur de vampire une aura particulière et savoureuse, qui est de loin, l’un des seuls intérêts de cette relecture.
La mise en scène ne sauve rien : étant donné que le film a été tourné en 3D et que la technologie assombrit le film, presque toutes les scènes de nuit sont illisibles car trop sombres. On retient juste les 5 minutes de la scène de poursuite en voiture avec un plan séquence séduisant mais mal exploité.
Fright Night version 2011 a tout perdu de sa superbe horrifique et comique : si certains lui trouvent des qualités divertissantes, il n’en reste pas moins que l’on s’ennuie ferme devant cette production désincarnée et sans saveur.