Le monstre le plus célèbre du cinéma revient en 2014 sous la houlette d’un réalisateur pourtant assez peu expérimenté puisqu’il s’agit de son second film. Mais Warner a su faire le pari de confier à Gareth Edwards un de ses plus gros objectifs de cette année, et quand on voit le film, on ne peut que saluer ce parti pris. Il y a 15 ans, Roland Emmerich sortait son Godzilla, un film conspué par les fans de la grosse bestiole qu’ils ne trouvaient pas assez ressemblante à celle qu’ils connaissaient. C’est vrai qu’on avait plus l’impression d’avoir affaire à un T-rex échappé de Jurassic park mais on peut reconnaitre à cette version son efficacité indéniable (souvenez-vous )
Quand on connaît l’histoire de Godzilla, son symbolisme et sa mythologie, c’est vrai que le film de 1998 peut paraître insipide par rapport au monument auquel il s’attaque. Car ce n’est pas qu’un gros méchant qui attaque une ville, c’est bien plus. Mais c’est tout ce qu’était Godzilla dans le film de Emmerich : un monstre. Néanmoins, le long métrage reste un gros plaisir coupable des années 90 comme l’est Independance Day ou Volcano, un film peu subtil mais hyper divertissant.
Chez Gareth Edwards, on est dans un autre style : plus sérieux et plus réaliste. Godzilla en version 2014 revient à ses origines japonaises : on sent le gros effort du réalisateur et des scénaristes pour attacher cette nouvelle version aux premiers films de la Toho. D’abord, il retrouve son contexte historique grâce à la forte présente du sous-texte nucléaire.
Ici, le géant n’est plus monstrueux : le réalisateur lui a insufflé une “âme” grâce à un statut métaphorique de la puissance de la nature face à l’homme ( comme dans les films originaux ). Edwards est friand à l’idée de donner des caractéristiques humaines à ses créatures ( remember le très moyen Monsters ) jusqu’à leur faire ressentir de l’amour. Comme dans son film précédent, il choisit de mélanger la toile de fond fantastique avec un vernis romantico-sentimental qui ne plait pas à tout le monde. Par contre, les personnages principaux sont attachants et bien écrits, on voit que le casting a été méticuleux. Mention Spéciale à Aaron Taylor-Johnson et Elisabeth Olsen dans une moindre mesure ( cantonnée au rôle de mère de famille lambda ) qui sans forcer sont crédibles et émouvants dans leur interprétation de cette famille perdue au milieu d’un combat qu’ils ne comprennent pas.
Les rôles secondaires sont un peu moins satisfaisants notamment Juliette Binoche et Bryan Cranston qui sont fades à souhait. Mais à trop vouloir se centrer sur le point de vue de l’humain ( très important, on le comprend ), le réalisateur met presque de côté les monstres qu’on ne voit pas autant que l’on voudrait. Heureusement, l’affrontement final nous ôte cette frustration et nous en donne pour notre argent. Car maintenant qu’il a beaucoup plus de moyens, Edwards peut enfin filmer les monstres comme il le souhaite et laisser libre court à son imagination débordante, ce qu’il n’avait pas pu faire avec Monsters. Chaque apparition est tout simplement dantesque et le monstre, par sa taille et son look plus que réussi, impressionne à chaque seconde.
Les fans seront satisfaits : notre gros ami retrouve son apparence qui l’a fait connaître. Certaines scènes sont sublimes, comme par exemple, celle de l’assaut des parachutistes sur la bête. Mais le scénario trop “américain” nous refroidit souvent alors qu’on était prêts à se livrer corps et âme à Godzilla. Edwards ne signe donc pas le blockbuster parfait, cherchant à mélanger des genres en ne faisant que les superposer. Pourtant, l’aspect post apocalyptique est bien jouissif et les frissons sont au rendez-vous. Un résultat assez mitigé donc.