Si le travail d’adaptation peut s’avérer délicat, il faut admettre que le choix du conte populaire des frères Grimm avait de quoi faire saliver tant l’œuvre originale fourmille d’idées qui aurait pu/dû être transcendé à l’écran. Malheureusement, le résultat n’est pas à la hauteur de l’attente. Mais tout n’est pas à jeter non plus. Explications.
Des siècles en arrière, une petite fille et son frère sont expulsés de chez eux par leur propre mère et se retrouvent livrés à eux-mêmes à la recherche d’un lieu accueillant où ils pourraient se nourrir et travailler. En chemin, ils tombent sur une maison à l’architecture étrange et lugubre (exit la maison en pain d’épice) regorgeant de vivres et de mystères. Mais chaque mystère renfermant sa part de danger, ils ne vont pas tarder à se rendre compte que leur hôte cache un sombre secret.
Le long-métrage de Oz Perkins (à qui l’on doit l’intéressant February et le soporifique I Am The Pretty Things That Lives In The House) commence plutôt bien avec une vieille légende racontée sous couvert de conte pour enfant qui donne le ton que beaucoup assimileront au très bon « The Witch » de Robert Eggers. Photographie soignée, très sombre et épurée qui permet d’offrir de magnifiques plans au réalisme exemplaire. Tel un peintre, Perkins étale son œuvre avec élégance, aidée par une superbe prestation musicale qui rajoute du crédit à l’ensemble. Les comédiens sont également très bons, de la jeune Sophia Lillis (que l’on retrouve dans le récent dyptique Ca), toute en sobriété, à l’excellente Alice Krige (Silent Hill, L’Apprenti Sorcier…) plus effrayante que jamais dans le rôle de la sorcière.
Cela étant dit, tout n’est pas parfait dans le meilleur des mondes. Contrairement à « The Witch » qui offrait une tension crescendo et un stress permanant, Gretel & Hansel n’empêche pas cette impression de vide scénaristique qui ferait presque passer sa richesse visuelle pour de l’égocentrisme. Alors que l’on aurait pu s’attendre à des séquences macabres accentuant le côté démoniaque de la sorcière, il n’en est rien. Oz Perkins ne prends strictement aucun risque et rien ne se passe ou presque pendant les petites 80 minutes que compose le long-métrage (si l’on ne prend pas en compte le générique final). Un constat d’autant plus frustrant que l’œuvre originale regorge d’idées, non-exploitées ici, qui aurait contribué à faire de ce film une œuvre complète plutôt qu’inaboutie.
En définitive, Gretel & Hansel n’est pas un mauvais film, loin de là. Il possède une photographie et une bande son impeccables et des prestations plus qu’honorables de comédiens véritablement engagés. Mais la paresse globale qui entoure sa construction et ses enjeux scénaristiques en font une œuvre inachevée où se côtoie la frustration, l’ennui et l’oisiveté. Et c’est bien dommage !
Par Mark Asensio