“Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants” : c’est ce qu’on aurait bien voulu souhaiter aux héros de Honeymoon. Car ils ne savaient pas en échangeant leurs vœux que cette union serait le début des ennuis…
En choisissant une vieille cabane dans les bois comme lieu de voyage de noces, on peut se dire qu’ils cherchent un peu la merde. Mais soit, il s’agit de l’ancienne maison de famille de Béa, la jeune mariée, dans laquelle elle a beaucoup de souvenirs. Naïvement, les deux tourtereaux pensaient avoir épousé leur âme sœur, mais ils découvrent lors de cette lune de miel de petites différences qui commencent à les diviser. Ce séjour va en réalité devenir un piège psychologique dans lequel ils vont s’enfermer de plein gré au lieu d’être la parenthèse enchantée dont ils avaient rêvé.
Dans Honeymoon, la réalisatrice parvient à insuffler progressivement des changements étranges dans le comportement de l’héroïne : le spectateur se retrouve allié au jeune époux, et ne peut que constater, en restant impuissant, cette évolution inquiétante.
Pourtant, Paul tente de réagir, un peu vainement lorsqu’il voit que celle qu’il aime s’éloigne de lui. Celle qu’il pensait connaître à la perfection finit par devenir une étrangère, sans qu’il ne puisse rien y faire. Une histoire donc intéressante, mais Honeymoon met un temps fou à vraiment démarrer à cause de l’installation du climat classique de thriller qui prend une bonne heure. Mais c’est une base indispensable à la crédibilité du récit, on aurait juste souhaité que la réalisatrice se perde un peu moins dans des détails inutiles. Elle arrive malgré tout à faire du duo d’époux, le vrai pilier sur lequel tout le film repose.
Vous l’aurez compris, le dernier tiers du film est bien plus explicite et va très loin pour révéler le fond de la problématique qui empoisonne le couple. Aux tréfonds de l’âme torturée d’une jeune femme, Honeymoon montre que l’amour, si fort soit-il, ne suffit pas toujours à sauver ceux qui ne veulent pas l’être. Venant d’une réalisatrice, on ne peut que saluer ce film sans concession qui va loin dans l’exploration de la culpabilité et de l’aliénation. Dérangeant.
Un bon film de genre sans doute. Évidemment, la fin rejoint les accessoires de la facilité alors qu’il s’agissait, et bien menée, d’une métaphore d’un bonheur impossible à laquelle la nature, les bois, le lac (comme tombeau) servent de témoins et peut-être davantage dans ce qui est radicalement autre.