A première vue, Infection est une petite surprise qui dessine un sourire. Enfin un film nippon qui ne fait nulle part mention de gamine aux cheveux sales et à l’allure désarticulée! Car il faut bien le dire, les Yu-Rei ça va un moment, et on se lasse vite.
Bref, pas de cela ici. Masyuki Ochiai nous plonge directement dans un univers sale et suffoquant : celui d’un hôpital aux prises avec un dépôt de bilan. Des lieux sordides, un personnel incompétent, un manque certain de matériel et de professionnalisme : un contexte parfait pour un huit clos glauque. On retrouve absolument tous les clichés qui fondent la peur des centres de soins, par exemple l’infirmière qui ne sait pas faire de piqûres et de fait s’entraine sur un patient dans le coma, le personnel qui se marche dessus, le camouflage de l’erreur médicale… En somme on voit ici tous les ingrédients mijotant la question de savoir ce qui se passe réellement dans les hôpitaux, ou tout du moins ce qui se trame derrière cet air si sûr qu’arborent toujours les médecins.
L’univers que met en place le réalisateur est intéressant. Un film sans héros, ou chacun joue son rôle, tant et si bien que l’on se demande dès les premières secondes du film quels personnages nous sommes censés suivre. Là, la tournure des choses est attirante car il est nécessaire de suivre chacun d’entre eux. Il n’y a pas de héros ou d’anti-héros à proprement parler.
L’ambiance, la photographie, les plans, la musique surtout, les jeux des acteurs, tout profite à une sérieuse angoisse. Le sursaut fonctionne, et la tension monte. La première heure du film est rondement menée. Qu’est-ce que ce virus qui se propage ? Si certains aspects ‘étrange’ du film apparaissent comme étant une avancée dans la folie, nous attendons tout de même un dénouement autre. Et nous l’attendons en grinçant impatiemment des dents ! Et pour un film qui fonctionne à merveille, c’est là que les dernières minutes viennent mettre un bémol. Que d’incompréhension ! Que de fautes et de scènes inutiles ! Quel est l’intérêt des plans sur les balançoires alors que l’histoire se passe dans un hôpital ? Cliché ? Un scénario qui s’annonçait simplement sortir de l’ordinaire, déçoit donc par la prétention de sa conclusion. Une fin d’ailleurs aussi inaccessible qu’inutile.
Certes, tout au long du métrage, on assiste à une folie qui se propage. Bien plus que le virus qui infecte le personnel soignant, il semble être ici question d’une sorte de maladie engendrée par la corruption, l’incompétence et la culpabilité. Voir alors ce spectre rôder de personnage en personnage est assez intéressant, jusqu’au moment où tout bascule dans la vanité d’une espèce de fin entre le thriller, le twist hallucinatoire et le film d’horreur fantastique bon marché.
Un film donc bien engagé dans un terrain aussi balisé et lugubre que peut l’être un hôpital désaffecté. Bon film d’horreur qui perd pourtant de son souffle dans une fin qui aurait mérité plus de simplicité, à l’image du reste du métrage. C’est un bémol pour un film qui mérite pourtant d’être vu, ne serait-ce que pour la tension et pour l’apparition de personnages plus étranges les uns que les autres.
Petit détail croustillant : A la deuxième vision, observez les jeux de lumière !