Depuis la fin des années 80, rare sont les réalisateurs qui ont réussi à nous fabriquer de nouveaux véritables Boogyeman effrayants à l’instar des icônes que sont devenus Freddy Krueger, Jason Voorhees, Michael Myers… On en a eu tout de même quelques uns dans les années 90, comme le mythique Candyman ou encore Ghostface…
C’est en 2001 que Victor Salva se lança dans un pari audacieux : celui de créer un tout nouveau Boogeyman dont l’histoire viendrait d’une légende urbaine. En l’occurrence, une créature diabolique mi-homme mi-démon ailée qui surgirait des ténèbres tous les 23 ans, pendant 23 jours, pour chasser des êtres humains.
La mise en scène est vraiment bien travaillée et au fur et mesure que le temps passe, ce que l’on croit au départ comme un simple maniaque… va au final s’avérer être une toute autre chose ! Le cinéaste plonge d’abord le spectateur dans une Amérique profonde en apparence banale, un coin de cambrousse comme il en existe partout. Et c’est dans ce cadre inoffensif que l’horreur survient.
Sans jamais se prendre au sérieux ni perdre de vue son objectif, à savoir effrayer le spectateur, le réal plante le décor en quelques minutes et instaure rapidement une tension qui ira ensuite crescendo jusqu’au surprenant dénouement. Tourné avec un petit budget, non exempt de défauts notamment dans la deuxième partie, il reste néanmoins original pour un slasher, une œuvre audacieuse qui a pu être réalisée en dehors de toutes contraintes afférentes au système hollywoodien. Il bénéficie à ce titre d’une liberté totale dans sa narration.
Le Creeper se dévoile donc progressivement, de même que la mythologie qui l’entoure. Ce monstre rejoint clairement et sans hésitation le panthéon des boogeymen les plus réussis. De son apparence à son histoire, en passant par ses « pouvoirs », le Creeper trône fièrement aux cotés de nos Boogeymens préférés.
Victor Salva démontre son savoir faire avec une réalisation inventive pour son petit budget. Le cadre est effrayant et le monstre toujours mis en valeur (voir la scène dans la maison au chat où le Creeper se fait passer pour un épouvantail). Le climax final, qui a lieu dans un commissariat, est tout aussi mémorable. Au niveau de la distribution, l’excellent Justin Long démontre à quel point il est sous utilisé et Gina Philips s’en sort très bien dans le rôle de la sœur. Jeepers Creepers est donc un must du cinéma fantastique des années 2000, un film incontournable.