Jaime, Marta et leur fille, Isabel, se préparent à fêter leur emménagement dans leur nouvelle villa quand brutalement, trois hommes cagoulés font irruption… En une nuit, leur vie va basculer.
Avec Secuestrados, le cinéma espagnol prouve encore une fois sa grande intelligence en s’inspirant de faits de société pour les transposer dans des films avec une volonté affichée de réalisme pour rendre compte de la violence effective des évènements.
Ici, Miguel Angel Vivas évoque avec efficacité l’affrontement entre une famille fortunée et un groupe de cambrioleurs rentrés chez eux par effraction et dans le but de les déposséder de leurs biens et de leur argent. Le portrait de cette famille aisée à qui tout semble sourire n’est pourtant pas idyllique : le réalisateur évite les clichés de la famille parfaite en insistant dès le début sur les tensions intrinsèques. Et ces difficultés inévitables à tout cercle famillial parlent au spectateur qui réussit par la même à s’identifier au couple parental aimant mais dysfonctionnel et plein de désaccords quant à l’éducation de leur fille, coincés entre leur amour pour elle et les diverses tentatives d’autorité. La jeune adolescente de 17 ans a soif de liberté et le montre dès les premières minutes, cela dans une relation tendue avec sa mère. Elle affiche un caractère opposant et combatif, qui lui servira dans la suite de la narration.
C’est donc au beau milieu de ce triangle ( oedipien ) qu’intervient l’effraction inattendue et violente qui sert de point de départ à tout le reste de l’action. Elle surprend les personnage tout comme elle surprend le spectateur dans son intensité et dans son réalisme. Et à partir de cet instant, c’est un combat à mort en temps réel qui va avoir lieu sous nos yeux, une lutte entre les malfaiteurs et cette petite famille qui va jouer ici sa survie et son honneur. Et chacun d’entre eux ( les 3 personnages de chaque “équipe”) va avoir une importance toute particulière dans le récit comme si le réalisateur laissait planer le suspense sur la victoire finale.
Miguel Angel Vivas donne à son histoire une mise en scène énergique pourtant composée de longs plans séquences suivant les protagonistes dans cette maison contemporaine qui parait immense. Ainsi, la concordance entre l’histoire on ne peut plus simple mais tellement bien construite ici et la réalisation tout en effets de style est parfaite et donne un dynamisme incroyable au film.
La violence à la fois physique et morale est omniprésente, la pression et le stress sont encore renforcés par ces procédés de mise en scène comme le splitscreen utilisé ici à très bon escient, montrant la simultanéité de certaines scènes afin que le spectateur puisse ne rien rater de la chronologie des évènements. On aurait juste aimé que Vivas aille parfois moins loin dans la violence graphique toujours facile et offre quelque chose un peu plus en retenue, comme le film aurait pu aisément le supporter.
Difficilement classable, Kidnappés coupe le souffle du début à la fin ( surtout à la fin ) et met nos nerfs à rude épreuve. Véritable survival viscéral presque en temps réel, il est gratuit, violent et désespéré mais furieusement passionnant.