Il n’est pas peu dire qu’un projet comme Color out of Space est à la fois casse gueule et ambitieux. Adapté d’une nouvelle vieille de près d’un siècle (1927) écrite par le grand H.P Lovecraft, intitulée La Couleur tombée du Ciel qui, pour la petite anecdote, fait d’ailleurs partie intégrante du receuil du même nom qui fut le tout premier de l’auteur à avoir été publié en France en 1954.
Le film, suit l’histoire de la famille Gardner (emmenée par l’innénarable Nicolas Cage) qui va, lors d’une nuit banale, faire l’expérience d’une chute de météorite à la couleur singulière au beau milieu de leur ferme. Petit à petit, le minéral étranger va provoquer d’étranges événements sur la vie terrestre, qu’elle soit végétale ou animale, et sur la famille Gardner elle-même. Une chose est certaine, on retrouve tout de suite la patte lovecraftienne dans ce savant mélange de science fiction et d’horreur graphique. C’est d’ailleurs là où le film de Richard Stanley puise toute la force, déjà familier de l’horreur puisqu’il a réalisé « Le Souffle du Démon » en 1992. Cette association de genres offre un souffle rafraîchissant et une originalité indéniable. La tension est palpable, le rythme soutenu, et ce qui n’était en apparence qu’un DTV cheapy aux allures trash se révèle surprenant à plus d’un titre.
De plus, il est plaisant de retrouver Nicolas Cage, absent des salles depuis bien longtemps mais qui, à l’instar de son compère Bruce Willis, continue de tourner des petits films au profit exclusif du marché de la VOD, parfois pour le meilleur et parfois pour le pire. Si on peut reconnaître au bougre une qualité, c’est de se donner à fond pour ses rôles, quel que soit le scénario dans lequel il est embarqué. Et ça se ressent à l’écran lorsque que la menace extra-terrestre commence à pointer le bout de son nez jusqu’à son final explosif et éprouvant, classique et pourtant si inventif. Une contradiction qui résume pas mal un métrage qui grouille de contradictions jubliloires à la fois narratives et techniques. Tout n’est pas parfait bien évidement et l’ambition frôle par moment l’exagération mais l’intention est belle et le résultat est plus que satisfaisant. Les autres personnages ne sont pas en reste avec une mention toute particulière pour l’actrice Madeleine Arthur qui incarne a elle seule tout un pan de la mythologie de son auteur à travers son personnage.
La musique est omniprésente au sein du métrage et fait des étincelles, notamment lors de sa dernière partie. Les effets visuels, quant à eux, sont nombreux et plutôt réussis dans l’absolu, nous renvoyant à des chef-d’oeuvres du 7ème art tel que The Thing de Carpenter, pour ne citer que celui là, et l’on reste vraiment happé par l’ensemble qui ne laisse aux spectateurs que très peu de moments de répit. En définitive, Color out of Space est très loin de la catastrophe industrielle annoncée et devrait faire mouche auprès des amateurs du genre et des amoureux de l’auteur de « Les Montagnes Hallucinées ». S’ils se perd un peu dans sa propre assurance par moment, il n’en reste pas moins une bonne surprise à l’égard des innombrables navets qui nous sont proposés à longueur d’année. C’est déjà ça de pris !
Le film fut diffisé en avant-première au Festival de Toronto et au PIFFF 2019 et devrait très certainement arriver en VOD dans le courant de l’année 2020 dans l’hexagone.
Par Mark Asensio