La jeune Charlotte arrive au volant de sa voiture dans une région isolée et s’arrête pour prendre Max, un autostoppeur. Lors de leur halte à un restaurant routier tenu par la bizarroïde Spack, Max va aux toilettes et disparaît. Charlotte, inquiète, revient la nuit pour tenter de le retrouver, mais elle est faite prisonnière par la Spack qui n’a qu’une idée : la jeter en pâture à une meute de goules affamées…
La Meute est le premier long-métrage de Franck Richard, qui n’avait jusqu’alors réalisé que quelques courts métrages. Pour ce film, il bénéficie d’un casting alléchant : Yolande Moreau (Enfermés Dehors), qui se recycle très bien au cinéma ces derniers temps, Emilie Dequenne, Benjamin Biolay et Phillippe Nahon (Calvaire). Avec son tournage à rallonge et sa date de sortie très souvent repoussée, La Meute sentait le roussi avant même sa sortie cinéma ! Il parait pourtant que les pays étrangers envient notre “cinéma de genre français” pour son côté jusqu’auboutiste et anticonformiste à l’image de Martyrs ou Calvaire. Il semblerait en effet qu’on soit plus doués pour faire des films craspecs et gores plutôt que des oeuvres profondes et réfléchies comme on pourrait en trouver en Espagne.
Mais soyons réalistes, il est très rare, au delà de l’ambition affichée de faire un film réussi, que les réalisateurs transforment l’essai et se hissent à la hauteur du film de Pascal Laugier par exemple. Et c’est encore le cas ici avec La Meute. Il est vrai que le long métrage est plutôt séduisant dans sa première partie mais est gâché par un scénario se voulant complexe et qui finit par en devenir ridicule.
Côté bon points, les paysages de Belgique sont majestueux et bien servis par une photographie nette, sombre et bien crade, aux couleurs fades et passées, donnant l’impression que le temps s’est arrêté dans le lieu central de l’action. La première partie du film (en gros la 1ère demie heure) est satisfaisante, mettant en place des personnages aux caractères bien tranchés avec des répliques qui marquent. Mais dès que l’action est vraiment lancée, on se retrouve avec des scènes sans queue ni tête et le peu d’intérêt soulevé au début du métrage s’envole pour laisser la place à l’ennui et à la volonté d’en finir le plus vite possible.
Même les monstres ne trouvent pas grâce à nos yeux, trop peu mis en valeurs et inexistants par rapport à des personnages principaux “humains” peu intéressants. Les ghoules avaient pourtant des looks sympas et un potentiel horrifique assez prometteur, mais elles sont bien trop mal filmées, trop peu exposées et mal éclairées pour parvenir à réellement faire peur. Et c’est bien dommage que de si bonnes idées aient été gachées par, certes un manque de moyens évident, mais aussi une mise en scène souvent brouillonne et mal contrôlée.
Le scénario n’est pas des plus intelligents non plus, si on passe les incohérences les plus élémentaires en laissant le bénéfice du doute, les décisions des personnages sont incompréhensibles passées les 20 premières minutes et le reste des scènes est tellement risible et téléphoné que la crédibilité n’est même plus au rendez-vous. Et quand Franck Richard tente de donner à son film une inspiration Torture Porn digne de Saw ou Hostel du plus mauvais effet, on se demande où le réalisateur veut vraiment en venir avec cette tentation d’aller piocher dans tout un tas de sous-genres du cinéma d’horreur mais sans les travailler vraiment à fond, juste en apparence. Il est est de même avec le contexte social très maladroitement mis en oeuvre dans les explications foireuses de Benjamin Biolay : les références au Massacre de Hooper ne resteront que des clins d’oeil qui n’arrivent jamais à la cheville du film.
Le casting certes bien conçu avec des têtes d’affiches a malgré tout quelques faiblesses : Yolande Moreau en fait des tonnes en tenancière sadique et cinglée, Benjamin Biolay se révèle transparent et ferait bien de se laver les cheveux. Seule Emile Dequenne montre qu’elle peut avoir des couilles mais le rôle est bien trop réducteur pour être intéressant malgré de bonnes idées mal exploitées. Philippe Nahon, en sheriff sauveur est aussi bon que dans le reste de ses films.
La Meute n’est finalement rien d’autre qu’une tentative de cinéma, non dénuée de bonnes idées mais gâchée par trop peu de moyens et peut être aussi trop peu d’ambition, comme si le réalisateur n’y croyait pas lui même ..