« Oiseaux tueurs ? déjà fait. Requins tueurs ? déjà fait. Singe tueur ? déjà fait… OK j’ai trouvé, personne n’a pensé aux vers de terre ! ». C’est très probablement ce que Jeff Lieberman s’est dit en 1976 quand il écrit et réalise Squirm aka La nuit des vers géants. Car oui les vers sont gluants, sales et répugnants. Alors si en plus ils se mettent à développer un instinct de prédateur, on n’est pas dans la m*rde.
Loin d’être un mauvais Dents de la mer avec des lombrics, Squirm est un film assez particulier dans son ambiance et dans son approche des personnages et même s’il emprunte à nombre de séries B animalières, Jeff Lieberman, dont c’est le premier film, fait preuve de personnalité et cela commence dès l’ouverture de son film. Son « héros », Mick, est présenté dès le départ comme un citadin arrogant, qui méprise la campagne et ses habitants, et à ce titre il incarne l’éternel lutte entre ville et nature, commun à nombre de films d’animaux géants et/ou dangereux. Il frôle d’ailleurs la mort dès les premières minutes alors qu’il se soulage contre un arbre…
Contraint de rejoindre la petite ville de Fly Creek pour retrouver sa petite amie Geri qui vit avec ses sœurs et leur mère, Mick est très vite haï par les autochtones, qui ne sont pas épargnés non plus dans leur description. Dépeints comme des gens parfois à la limite du redneck agressif, ils se composent d’un flic macho, d’une fumeuse de joints plutôt limitée mentalement, de fermiers encore plus idiots, et de villageois suspicieux. Assez typique des films américains des années 70, cette vision plutôt morose de l’humanité est ici soulignée par un humour noir qui contrebalance l’histoire d’amour entre nos héros, perturbée par l’intrusion d’un voisin qui lorgne sur Geri.
Et les bestioles dans tout ça ? Rendues folles suite à l’effondrement de ligne électrique dans la nature (c’est bon, vous l’avez le message écolo ?), elles vont mettre un beau bordel dans Fly Creek tout en engloutissant quelques résidents. Squirm se montre inventif et réjouissant dans ses scènes de meurtres peu gores mais toujours remplies d’humour et qui n’amélioreront en rien votre potentielle phobie des rampants. Ces satanés lombrics vont se faufiler partout dans les maisons, donnant lieu à des scènes assez peu ragoutantes de douche, de tricot et même d’effondrement de plafond. Pire, ces vers mutants iront jusqu’à se glisser sous la peau d’un protagoniste qui deviendra une sorte de zombie sous leur emprise. A noter que les maquillages sont l’œuvre de l‘immense Rick Baker, qui par la suite sera l’artisan des effets sur les classiques que sont Le loup-garou de Londres, Videodrome, Gremlins 2 ou le clip de Thriller.
Avec ses pointes d’humour toujours bien senties, son rythme qui tient la route, son ambiance Amérique profonde un peu poisseuse, Squirm est une vraie série B 70’s pur jus, agréable à suivre tout en provoquant le dégout face à l’attaque de ces vers qui n‘ont rien de géant malgré le titre français, mais dont le cri (eh oui, le ver mutant crie) n’est pas sans rappeler celui du porc. Etonnant…
Mad Sam