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La Nuit fantastique des morts-vivants

Affiche du film "La Nuit fantastique des morts-vivants"

© 1980 Stefano Film − Tous droits réservés.

Un promoteur immobilier se rend en bateau avec sa petite amie sur une île isolée où il compte développer un complexe immobilier. Sur place, ils sont mis en garde par une jeune femme et un vieil homme des dangers du lieu.

Allez, encore une énième variante du cultissime Night Of The Living Dead de George A. Romero… En tout cas, celle-là ne semble pas craindre le ridicule ! Ce « film », également connu sous les titres sans équivoque de La Nuit Fantastique Des Morts-Vivants (en français) ou encore Sexy Nights Of The Living Dead,  est le forfait avéré d’un certain réalisateur italien profondément rattaché au cinéma d’exploitation : le (bien) nommé Joe d’Amato, à qui l’on doit une pléiade de films porno et/ou d’horreur assez gratinés niveau titres, tels que Le Déchaînement Pervers de Manuela ; Antropophagus et Homo Erectus, et qui par ailleurs semble vouer un culte sans bornes au personnage érotique d’Emmanuelle (Emmanuelle Autour Du Monde ; Emmanuelle Et Les Derniers Cannibales ; Emmanuelle Et Les Filles De Madame Claude ; etc., etc., je vais pas tous vous les faire)…


Démonstration du jeu d’acteur ultime…

Tout au long du film, on peine vraiment à comprendre où ce tordu de d’Amato a bien voulu en venir … Ben ouais, pourquoi diable aller foutre des scènes érotiques voire même carrément pornographiques dans un film soi-disant d’horreur ? Car c’est un fait incontestable : autant le public de films X que celui d’horreur ne sauraient trouver un quelconque intérêt à cette daube ultra-kitsch qui se targue de pouvoir mêler les deux genres avec une absence totale de cohérence et surtout de souci artistique. D’autant plus qu’il fait preuve d’une radinerie incroyable autant en termes de scènes de sexe que d’horreur, au moins aussi rares dans le film que les bons acteurs dans ce type de cinéma bis italien des années 70-80. C’est sans doute cela, le pire : il ne se passe strictement rien dans ce putain de film, rien de rien, nada, néant. C’est le vide… A la limite (quitte à le voir…) pouvions-nous tabler sur la rencontre éclectique des zombies avec le sexe… Même pas ! Faut pas pousser, le film se garde bien de se risquer à briser les tabous autour de la nécrophilie, non, il se contente tout juste de nous donner à voir quelques fringants italiens moustachus se taper les unes après les autres des actrices qui n’acceptent pas toujours de se faire filmer de face la bouche pleine…


Ne vous fiez pas aux apparences : ce chat constitue bel et bien une terrible menace…

Car c’est bien ça, le plus ridicule dans cette histoire : l’hésitation perpétuelle du film à se positionner sur le genre érotique ou pornographique. Ne pouvant se décider, il choisit tout bonnement d’alterner entre les deux. Par exemple, alors que la scène d’introduction (minable) met en scène assez chastement (entendez : les sexes ne sont pas montrés) un couple en train de sauvagement faire l’amour dans les sous-sols d’un hôpital psychiatrique tandis qu’un interné jouit (au sens littéral du terme) d’assister à la scène ; la séquence de sexe suivante nous donne carrément à voir de la pornographie pure et dure (bien que désuète), avec pénétration et tutti quanti… Ce sera d’ailleurs la seule et unique de tout le film, les autres faisant plutôt dans le registre « érotisme cheap », par manque de couilles ou manque de figurantes sexuellement libérées, allez savoir ! Quand aux scènes d’horreur, elles doivent être au nombre de trois, à tout casser : une au début (absolument pourrie), une au milieu (déjà un peu mieux mais quand même naze) et une tragiquement longue à la fin, comme si le film voulait à tout prix rattraper le temps perdu en nous mettant la dose de zombies avant le générique. Les zombies se calquent légèrement sur ceux de Lucio Fulci dans L’Enfer Des Zombies (chair décomposée style « papier mâché » ; vers grouillants sur le visage et au creux des orbites ; etc.) mais uniquement le temps d’une séquence, d’Amato préfèrera par la suite leur foutre des foulards sur la gueule, tout simplement. Les scènes « d’action » sont merdiques, elles aussi : quand les zombies n’arrachent pas du tissu froissé en guise de lambeaux de gorge de leurs victimes, ceux-ci sortent de leurs tombes enterrées à 20 centimètres de profondeur avec une lenteur exagérée. Aussi nul en tant que film d’horreur qu’en film de cul, mais que reste t-il donc de cet Erotic Nights ?


Attention, cette strip-teaseuse a plus d’un tour dans son sac !

Rien. Laura Gemser, peut-être ? Même pas… « Black Emmanuelle » ne sert pas à grand-chose, à vrai dire, pas plus que le reste du casting d’ailleurs. A peine fait-elle une jolie tapisserie. Quant au scénario, eh bien, il n’y en a pas, tout simplement. On ne peut même pas dire qu’il sert de prétexte foireux à une accumulation de scènes de sexe vicelardes, puisque comme je l’ai déjà évoqué précédemment, le film fait montre d’une pingrerie rare en la matière. Non, en fait, le film s’attarde sur des détails aussi inutiles que crispants : les deux personnages principaux qui parlent pour ne rien dire en contemplant la mer sur le pont de leur bateau de riche ; les allers de l’un du bateau à la plage ; les retours de l’autre de la plage au bateau, etc. Bref, aucun intérêt. Le retournement final, aussi ridicule qu’embarrassant, tombe à plat comme un suicide du deux-centième étage, on ne comprend même pas comment ils ont pu trouver une idée aussi minable et en plus la garder au montage final. Sans parler des pseudo-scènes dérangeantes, plus pitoyables encore que les scènes de sexe « normales » : une strip-teaseuse à l’incroyable talent de déboucher les bouteilles de champagne avec son vagin ; ou encore le pauvre type qui voit son pénis servir d’amuse-gueules à la « sexy zombette » du film… Le tout servi par des super-musiques d’ascenseur (ou de supermarché, ça dépend) si caractéristiques des films X et surtout si ringardes… Seule le thème d’introduction est pas mal, car il s’inscrit dans le genre des péloches d’horreur italiennes de l’époque, mais malheureusement on ne l’entendra plus jusqu’à la scène finale, d’Amato optant pour le choix très judicieux de nous seriner avec ses mélodies inaudibles durant 1h44 sans discontinuer.

En définitive, le nom d’Erotic Nights Of The Living Dead n’évoque que du vide dans les cerveaux, le vide de l’absence totale de talent artistique et de la moindre parcelle de cinéphilie, le vide de l’arrivisme méprisable et du manque de fric, le vide de l’incohérence formelle et narrative. Ce film est presque irregardable pour quiconque détient un minimum de bon goût (que ce soit en films pornos ou en films de zombies) et surtout d’instinct de survie, un nanar même pas drôle ni même édifiant qu’il vaut mieux effacer dès à présent de vos mémoires.

Par Emmanuelle Ignacchiti

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