Alors que la fin du premier film nous annonçait l’enfer sur Terre avec un démon tout feu tout flamme œuvrant à l’Apocalypse, la suite nous confirme dès son ouverture que ce grand final tenait du pétard mouillé. L’histoire reprend ainsi presque à zéro et oblitère ces derniers rebondissements pour mieux nous refourguer une nouvelle séance d’exorcisme en fin de film. L’excuse : la jeune Nell est devenue partiellement amnésique et se retrouve maintenant dans un établissement pour jeunes femmes à problèmes.
Le film s’appuie encore ici sur la prestation convaincante d’Ashley Bell en proto-mormone reprenant goût à la vie grâce à des activités aussi épanouissantes que faire le ménage dans un motel de passe, flirter avec un jeune mec aussi autiste qu’elle ou écouter du métal sur l’Ipod d’une coloc’ blonde (sympathique Julia Garner) étrangement insensible au malheur des autres.
Nell au 7ème ciel…
Bien sûr, tu t’en doutes, le démon est tout proche. Sa petite protégée lui manque et, unique originalité du scénario, il éprouverait de nobles sentiments pour une compagne qu’il arrive littéralement à faire monter au plafond. Généreux, le petit couple partagera même une partie de leur alchimie sexuelle avec un couple qui n’en demandait probablement pas tant. Pour reconquérir sa belle traumatisée aux yeux fuyants, le mal recrute à fond. Sur ce point, rien à dire, ce n’est pas la crise chez les suppôts de Satan qui semblent squatter tous les coins d’une Nouvelle Orléans et d’un carnaval rarement aussi mal exploités, visuellement comme thématiquement, au cinéma. Les fanatiques – d’ailleurs comment peut-on concrètement être fan de la fin du monde ? Ces gens ont-ils un groupe Facebook ? – sont d’ailleurs repérables à trois kilomètres puisque, s’étant gourés de ville, ils portent les masques du carnaval de Venise. Les boulets !
Ce moment bien nul où personne n’interroge “sérieusement” Nell sur les images
du premier film maintenant dispo sur Youtube
Pour appuyer un peu plus le manque d’ambition totale de cette séquelle, les réalisateur et scénaristes ne semblent ici même pas faire mine de s’intéresser aux fondamentaux du film d’épouvante comme faire peur ou distiller un minimum de tension. On ne comprend d’ailleurs même pas comment un réalisateur comme Eli Roth, toujours producteur, ait pu laisser passer par exemple cette scène incongrue censée terrifier le spectateur au moyen d’un artiste de rue déguisé en statue.
Dire que l’amateur de sensations fortes ne trouvera pas ici son compte est un euphémisme : histoire de rester tout public, mais en fait de faire chier tout le monde, toute l’action horrifique a lieu hors-champ. Je ne déconne pas, même la fin malheureuse (dans tous les sens) de l’exorcisme du titre nous est cachée, le film se contentant de quelque CGI bien cheaps pour faire saigner les murs entre lesquels se déroule les événements.
Le maquillage c’est le mal
Preuve que même les producteurs ont trouvé le produit semi-fini aussi excitant qu’un épisode spécial Halloween de l’Inspecteur Derrick : Le tournage probable d’une séquence d’introduction supplémentaire afin d’avoir un teaser potable à lâcher sur Internet lors de la promotion du film. La continuité du film avec cette séquence, plutôt efficace et montrant la possédée s’incruster dans le lit d’un couple, n’est d’ailleurs même pas assurée et une ellipse nous amène à une scène où l’on apprend que la jeune fille aurait finalement été retrouvée dans une forêt (et non chez le couple).
Côté exorcisme “vaudou”, on reverra plutôt Drag Me To Hell
Une séquelle donc complètement inutile, “parce qu’il fallait bien en faire une”, dont l’intérêt n’est relevé que sporadiquement par le personnage principal, parfois touchant dans ses doutes. L’originalité du premier film, avec son pasteur athée hilarant de cynisme et un format found-footage bien exploité, ne sont plus là pour rattraper un vide d’idée symptomatique des récents films d’exorcisme type Le Rite… On imagine que pour le Dernier Exorcisme Part III, Nell se retrouvera à nouveau amnésique suite à un accident de voiture. Mariée à un mec bizarre, elle attendra un enfant, coincée dans un appartement dans une grande ville, histoire de changer de lieu. Ses voisins seront plus qu’énigmatiques et elle aura changé de nom pour s’appeler Rosemar… Ah merde, c’est un autre film…
Critique par Alex B
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BONUS :
La scène essentielle coupée du premier film ou comment la démon arrive vraiment à faire craquer l’innocente Nell…