Julian et Jenny découvrent un mystérieux baril. Dans un effort d’identifier son contenu chimique, ils finissent par le laisser aux soins de leur ami Cody… Mais Cody a de sinistres projets personnels pour la toxine au potentiel narcotique. Opportuniste, il fabrique des capsules de drogue qu’il vend à travers le campus. Des centaines d’étudiants innocents sont alors transformés en zombies affamés de cerveaux. À peine la soirée commencée, les zombies sont hors de contrôle dans une rave sanglante à faire crier d’horreur tous et chacun.
Avant d’entrer dans l’analyse du contenu de ce cinquième et dernier volet de la franchise Return Of The Living Dead (ouf, enfin !), une petite contextualisation s’impose afin de saisir pleinement à quoi et surtout à qui on a affaire… Sans doute désireuse de faire d’une pierre deux coups, la réalisatrice (si l’on peut la nommer ainsi…) Ellory Elkayem décida en 2005 de tourner successivement Necropolis et Rave To The Grave en réutilisant une bonne partie de son casting, mais avec deux scénarios qui n’ont absolument rien à voir. Résultat : on se retrouve avec un 5 extrêmement similaire au 4 sans toutefois en être sa suite directe. Si ce n’était pas vraiment gênant dans Return Of The Living Dead – Part II, dans lequel on pouvait retrouver les deux compères James Karen et Thom Mathews du premier volet de la série mais dans des rôles différents, c’est loin d’être le cas ici car l’on devine aisément le pourquoi du comment d’un tel parti pris. D’entrée, sans même le voir, ça en dit long sur la qualité et les motivations du film…
En effet, quelle surprise de retrouver les acteurs John Keefe, Peter Coyote, Aimee-Lynn Chadwick et Cory Hardrict dans le même genre de rôles et avec exactement les mêmes noms que dans Necropolis ! Je vous fais le topo très brièvement : Julian (John Keefe), qui a perdu ses parents (dans un accident de voiture ?) était élevé par son oncle Charles-quelque chose (Peter Coyote) jusqu’à ce que celui-ci décède durant une transaction qui devait le rendre riche mais qui a mal tourné (comme d’hab’). Vous l’aurez deviné, l’oncle Charles se retrouvait encore à vouloir vendre un baril de Trioxyne 5 (et non plus 203 mais à la limite on s’en fout, ils changent de numéro à chaque épisode…) mais cette fois-ci à des agents d’Interpol au lieu de trafiquants russes (pour changer un peu…). Après sa mort tragique, Julian finit bien évidemment par trouver lesdits barils restants dans le grenier de la maison familiale en compagnie de sa copine Jenny (ils ne sont pas allés chercher loin pour le nom, Jenny Mollen remplaçant Jana Kramer) et décide de les faire analyser par son pote Cody (alias Cory Hardrict) qui a troqué sa vocation précédente de pirate informatique contre une blouse blanche de scientifique (l’un dans l’autre, c’est toujours la même chose). Seule Aimee-Lynn Chadwick se trouve un peu exclue de ce trio désormais bien connu des nanarphages en occupant un rôle beaucoup moins présent que les autres mais sans pour autant changer de registre : celle qui jouait la blonde-conne-à-couettes-et-lunettes dans Necropolis se retrouve ici à jouer la blonde-conne-sexy-qui-taille-des-pipes-dans-la-voiture-après-le-restau. Pas mal comme évolution…
Mais laissons un peu de côté les personnages, toujours aussi stéréotypés et inintéressants. Le film choisit donc de baser son intrigue dans le contexte d’une rave durant laquelle des centaines et des centaines de jeunes américains débauchés vont avoir l’occasion de tester une toute nouvelle drogue à leurs dépens : le « Z », petite gélule bleue bourrée de Trioxyne 5 dont les propriétés apparemment trop kiffantes sont de changer ses consommateurs en zombies l’espace de quelques instants, puis définitivement, selon la quantité ingurgitée. Comme on pouvait s’y attendre, sont présents tous les clichés de base liés à la drogue : les hippies de quarante ans dont chaque vêtement vert-jaune-rouge comporte au moins une feuille de Gandja illustrée et qui apparaissent à l’écran uniquement pour montrer comment ils fument des pétards à la Bob Marley ; le dealer complètement allumé avec son manteau de vendeur de montres bourré de narcotiques en tous genres ; les bonnasses complètement défoncées qui finissent toujours par montrer leurs nibars à la première occasion ; le junkie surexcité aux yeux exorbités et au sourire insupportablement figé sur les lèvres dont l’unique but semble être de tester tout ce qui lui passe sous la main ; les novices exagérément méfiants qui finissent toujours par perdre le contrôle ; du sexe facile lié à la prise de drogues en-veux-tu-en-voilà ; et j’en passe et non des moindres… Le pire reste sans doute ces quelques séquences d’hallucinations passablement moches, avec effets auditifs et visuels trop ringards à la clé, quand elles ne mettent pas en scène une sex bomb à poil recouverte de peinture rouge et arborant une fourche, des cornes et une queue de diable atrocement ridicules… De ce côte-là, Rave To The Grave fait pire encore que les teen movies débiles destinés aux ados pré-pubères qui ne comprennent rien à la vie.
Les zombies sont également très similaires à ceux de Necropolis : ils sont moches, courent le cent mètres, papotent et crient « Cerveeeeaaaauuuux ! » à tout bout-de-champ. Rien de nouveau de ce côté-là non plus. De plus, le film a une fâcheuse tendance à vouloir faire « du gore pour du gore » et de fait à multiplier les scènes non seulement inutiles mais en plus vraiment mal foutues. Certes, il y a beaucoup de sang, des décapitations et des amputations aussi diverses que variées, mais cette profusion de gore n’a au final ni queue ni tête. A force d’en faire trop, Elkayem finit par banaliser totalement ces séquences qui en soi n’avaient déjà pas grand intérêt… Sans compter qu’elle finit par tomber dans le non-sens complet : depuis quand une griffure de zombie suffit-elle à contaminer quelqu’un en moins de deux minutes ? C’est du grand n’importe quoi… Et ce n’était le cas dans aucun Return. Rave To The Grave se plait également à réutiliser les grosses ficelles du nanar précédent : les flingues qui n’ont plus de balles ; les zombies capables d’arracher un bon bout de cuir chevelu, de crâne et de cerveau en un seul coup de dents (filmés toujours de la même façon, en plus…) ; les attaques minables de rats-zombies trop mal faits ; etc. La scène finale, celle du carnage dans la rave, est toute aussi décevante et mal foutue ; le film se contentant d’accumuler les mêmes scènes gore avec une redondance absolument lourdingue qui finit par achever le peu d’intérêt que l’on pouvait encore avoir pour ce film naze de bout en bout. Mention spéciale aux deux agents d’Interpol, sortes de Dupond et Dupont ressemblant plus à des caricatures de mafieux italiens qu’à des agents spéciaux et qui alignent les bourdes avec un manque de finesse qu’il convient de saluer haut et fort.
Non, vraiment, tout est à jeter dans ce Return Of The Living Dead 5 – Rave To The Grave, Elkayem aurait bien mieux fait de stopper les dégâts au 4 et de laisser de côté ses folles aspirations mercantiles au lieu de pourrir la saga d’une énième fausse-suite aussi ennuyeuse qu’horripilante. Au final, l’initiative de John A. Russo pour contrer le succès de la saga Of The Dead de George A. Romero n’aura vraiment eu que très peu d’intérêt, puisque seuls les premier et troisième volets sont à peu près corrects. D’autant plus qu’elle reste très loin de faire le poids face à une saga comme celle de Romero… Espérons seulement que cette franchise ratée s’en tiendra là.
Par Emmanuelle Ignacchiti