Autant le préciser directement, The Turning ne révolutionne en rien l’industrie du cinéma d’horreur, en souffrance depuis de nombreuses années déjà. En dehors de trop rares exceptions, les films qui se réclament du genre de l’épouvante ces 20 dernières années ne font plus vraiment peur et ils se contentent trop souvent de jump-scares faciles et de poncifs narratifs usés depuis des lustres. Un constat sans appel qui nous fais regretter le temps de réalisateurs prestigieux (Carpenter, Kubrick, Hooper, Friedkin) que beaucoup ont tenté d’imiter sans jamais les égaler.
The Turning de Floria Sigismondi (The Runaways) ne déroge pas a la règle car il s’inscrit dans la longue lignée des films qui ne restera pas dans les mémoires. On y suit le parcours de Kate Mandell (Mackenzie Davis, vue dans le dernier Terminator), jeune institutrice qui accepte un poste de gouvernante auprès de deux orphelins dans un manoir isolé ou d’étranges événements semblent survenir. Un pitch qui, à quelques détails près, ressemble pas mal à celui du déjà pas glorieux « The Boy » de William Brent Bell. En vérité, toute la mise en scène du métrage pioche ses idées à d’autres films et même son scénario, adapté de la nouvelle « Le Tour d’Ecrou » de Henri James, n’offre qu’un sentiment de déjà-vù où fourmillent longueurs et incohérences.
La fin en laissera d’ailleurs plus d’un perplexe tant elle remet en question tout ce qui nous a été présenté depuis le début. L’ambiance sonore elle, est plutôt classique, vite oubliable et les effets spéciaux font, quant à eux, assez daté, à la limite du ringard. On pourrait penser qu’on s’acharne mais le film, en l’état, n’est pas non plus une catastrophe et la prestation du quatuor d’acteurs principal est plutôt honnête : la jeune révélation Brooklynn Prince (The Florida Project) en tête. Les fans de la série Netflix “Stranger Things” se réjouiront aussi de retrouver la jeune star montante Finn Wolfhard qui semble prendre pas mal de plaisir à jouer les riches gamins torturés. Les décors également participent à l’ambiance globale de belle manière avec son jardin labyrintique et ses endroits lugubres même si on regrettera l’absence de diversité qui donne la mauvaise impression d’être baladé pendant deux heures dans les mêmes pièces.
Pour résumer, “The Turning” devrait ravir le public le moins exigeant, amateur de portes qui claquent, de rideaux sauvages et de miroirs coquins qui permettront de fournir des frissons faciles aux plus fragiles. Pour les autres, on en peut que vous conseiller de passer votre chemin et de vous rabattre sur le travail de metteurs en scènes investis (Robert Eggers, Ari Aster) capables de produire ce sentiment absent des radars du genre depuis bien longtemps : la peur.
Le film n’est disponible pour le moment que sur les plateformes VOD aux Etats-Unis, sans nouvelle pour la France où la date de sortie, prévue à la base au 22 avril 2020 dans nos salles, est belle et bien compromise. Affaire à suivre…
Par Mark Asensio