Un groupe d’amis décide de partir en weekend à Ruiflec, le village d’enfance de l’un d’entre eux. A leur arrivée, certains disparaissent sans explication. Les autres décident de partir à leur recherche. Ils vont alors se rendre compte qu’une force maléfique habite ce village mystérieux…
Déjà desservi par une bande-annonce peu flatteuse qui laissait présager bien malgré elle la pauvreté qualitative du film, Le Village Des Ombres, troisième long-métrage du réalisateur français Fouad Benhammou (Malville, la zone du crépuscule : le Malin, Don de Sang), s’avère hélas tout à fait conforme à notre première impression. Mauvais sur tous les points, le film ne réussit à aucun moment à produire l’effet escompté et s’enfonce dans le ridicule en accumulant des effets stylistiques plus pitoyables qu’effrayants.
En effet, si la séquence d’ouverture peut à la limite être considérée comme réussie, sachez que c’est bel et bien la seule et unique de tout le film… Lent, confus, mal joué et plus que bancal, Le Village Des Ombres cumule tous les défauts imaginables et témoigne d’un manque de maîtrise flagrant de la part du réalisateur et de ses deux coscénaristes Lionel Olenga et Pascal Joubert. L’histoire aurait certes pu être légèrement sauvée par la conservation du mystère ambiant qui imprègne tout le début du film, mais le réalisateur a préféré s’enliser dans des explications vaseuses, sans queue ni tête et incohérentes qui sont très loin de nous satisfaire. Le pire, c’est que le film multiplie les fausses pistes (minables) que nous réfutons en moins de deux pour vainement tenter de nous déstabiliser, Benhammou se contentant de réutiliser des codes usés jusqu’à la moelle, et ce pour un effet qui fait vraiment peine à voir. A la fin du film, l’on a même droit à une succession de twists triviaux et abominablement prévisibles qui relèvent vraiment du n’importe quoi (certains peuvent même réussir à surprendre, tellement ils font preuve d’un illogisme forcené).
Quant à l’interprétation des acteurs, c’est simple, elle pue le fake à des kilomètres (Christa Theret en petite nerveuse…) et l’on ne croit pas une seule seconde à la situation qu’ils sont censés être en train de vivre. Les dialogues ne sont ni subtils ni fendarts, mais tout ce qu’il y a de plus banal en la matière et les personnages restent insipides du début à la fin du film. Benhammou tente tout de même de leur insuffler un semblant de profondeur en glissant une pléthore de flashbacks inutiles (l’histoire de l’IVG de Marion) qui, en plus de casser le rythme de la narration déjà pas bien vif, contribuent à enterrer le film dans des tréfonds de clichés dérisoires et surannés.
L’esthétique du film est elle aussi plus que douteuse : curieusement, l’on peut distinguer des scènes de nuit à l’image teintée d’une nuance bleutée semblant avoir été tournées en plein jour, ainsi que des scènes de “vraie” nuit où l’on n’y voit goutte et qui de fait rendent les actions difficiles à distinguer. Ce phénomène se ressent encore plus lorsque le montage alterne les scènes de nuit et de jour, notamment lorsque Lila a des visions du drame qui s’est déroulé sur les lieux où ils se trouvent. A aucun moment la magie du cinéma ne réussit son tour, tout semble factice et il demeure quasiment impossible de se laisser prendre au jeu.
Le concept du Village Des Ombres est lui-même complètement absurde, car il fait durer une action qui prendrait en tout deux minutes à être réalisée sur tout un film. Du coup, il ne se passe rien, la narration se traîne et le film accumule les scènes inutiles et grotesques pour masquer le vide scénaristique dont il souffre. Certains éléments de résolution sont carrément aberrants (ben oui, le méchant veut tuer tout le monde mais il prend quand même le soin d’écrire des livres pour expliquer à ses victimes comment s’en sortir, logique) et d’autres censés contribuer à faire avancer l’intrigue absolument pathétiques (les dessins, le registre des victimes, les explications foireuses sur le village, etc.).
Non, décidément, rien n’est à sauver dans ce film indigeste et lourdingue au possible, on peut même dire que Fouad Benhammou a réussi le pari fou de rater tous les éléments constitutifs de son film avec une virtuosité qui force le respect. Scénario débile, mauvais acteurs, mise en scène creuse et inintéressante, image sabotée, musique inconsistante, tout a été mis en œuvre pour nous rendre le visionnage du film le plus ennuyeux possible. Spectateurs, passez votre chemin… Sans vous retourner !
Par Emmanuelle Ignacchiti